Fin Zinédine Zidane a fait des adieux pudiques à Madrid Le Real Madrid a son panthéon. Y figure désormais la fierté du football français. Zinédine Zidane a disputé, dimanche 7 mai, devant Villarreal (3-3), son dernier match devant le public du stade Santiago-Bernabeu, qui lui a rendu l'hommage réservé aux légendes vivantes du ballon rond. "Il restera pour toujours dans nos souvenirs car il fait partie des plus grands", a estimé l'octogénaire Alfredo Di Stefano, lointain prédécesseur de Zidane et icône préférée des socios madrilènes. Cette soirée, sans doute Zidane l'aura-t-il vécue à plusieurs reprises par anticipation dans son imaginaire comme pour en maîtriser chaque détail. Elle n'eut finalement pas l'éclat espéré en raison d'une nouvelle contre-performance du Real, qui a provoqué la colère des spectateurs. De toute évidence, le meneur de jeu français était touché par l'accueil de l'assistance à son entrée sur la pelouse pour l'échauffement. C'est à peine s'il osa lever les yeux vers les gradins. L'émotion fut palpable juste avant le coup d'envoi, retardé de quelques minutes par l'arbitre lui même, saisi par cette ovation sans fin, ces posters blancs avec le no 5 du joueur brandis par les 82 000 spectateurs. Dans leur édition dominicale, les quotidiens sportifs avaient invité les nostalgiques à feuilleter l'album souvenir. "Gracias Maestro" titrait, reconnaissant, As, qui consacrait 13 pages aux adieux du meneur de jeu. "Se va el mejor" ("C'est le meilleur qui part"), estimait Marca, qui a classé Zidane parmi les cinq meilleurs footballeurs de tous les temps, au côté de Pelé, Di Stefano, Cruyff et Maradona. Qu'en pense Michel Platini ? Pour cette ultime exhibition dans son pré, le capitaine de l'équipe de France a offert un condensé de sa production de la saison avec des gestes techniques qui n'appartiennent qu'à lui, un but (son 8e en championnat) tout en finesse et des absences, outrage du temps qui passe. Les admirateurs de l'artiste se souviendront de la première demi-heure. De ce contrôle parfait dès la 30e seconde de jeu, de cette frappe instantanée hors cadre ou encore de cette passe précise pour Raul que l'attaquant madrilène ne sut conclure. Bien sûr, on était loin du résumé de ses actions les plus étincelantes des cinq saisons passées diffusé sur les deux écrans géants avant le début de la partie. A la spontanéité évanouie dans la nuit des temps, le Français opposait la ruse, comme sur cette remise en touche obtenue face à deux adversaires et rapidement jouée pour Robinho, qui servait Julio Cesar Baptista pour l'ouverture du score (23e). La suite allait rompre le charme. Deux fautes de goût de la défense madrilène, deux de plus en cette saison de toutes les déceptions, permirent à Villarreal de mener au score à la pause et de renvoyer le Real à ses doutes. Il restait à Zidane à se muer en sauveur. Une dernière fois. Il n'en prit pas le chemin dans un premier temps, tant il sembla usé. Incapable d'accélérer ou de se replacer, il donna corps à ses explications sur sa retraite à l'aube de ses 34 ans : "Je m'en vais car je ne peux plus être à 100 % pour mon club." Parfois il suffit de 70 %. Comme sur ce centre de la droite de David Beckham. Oublié sur son aile gauche, Zidane n'a plus qu'à laisser s'exprimer son talent. Extension, coup de tête au millimètre, égalisation et délire populaire (68e). Etonnant clin d'oeil avec le 12 juillet 1998 et son doublé de la tête en finale de la Coupe du monde devant le Brésil (3-0). Alors que le scénario écrit la veille prédestinait le héros du jour à quitter le terrain à un quart d'heure de la fin pour bénéficier d'une ultime ovation, il fut prié de rester sur la pelouse jusqu'à la 89e minute pour tenter de forcer une victoire qui aurait quasiment assuré la deuxième place au classement derrière le FC Barcelone et une participation directe à la Ligue des champions. Il n'en fut rien, et les sifflets qui accompagnèrent la sortie des Madrilènes gâchèrent la fête. Plus tard, Zidane séchera la conférence de presse pour s'éclipser avec famille et amis dans un restaurant de la ville. "Il était trop ému", expliquera un porte-parole du club. "Pour moi, il reste le meilleur joueur du monde", déclara son entraîneur, Juan Ramon Lopez Caro. Après la Coupe du monde (9 juin - 9 juillet) débutera la deuxième vie du jeune retraité, qui envisage de s'occuper d'une catégorie de jeunes du Real Madrid parmi lesquels s'illustre déjà l'un de ses fils. C'est un monument fragile toutefois que l'encadrement technique et médical de l'équipe de France devra régénérer pour le Mondial. De même que Lilian Thuram, autre grognard des Bleus rappelé en août 2005 par Raymond Domenech pour aider l'équipe de France à assurer sa qualification. A Turin, la fin de saison de Lilian Thuram ressemble en effet à celle de son club, qui a bien du mal à boucler sa saison. Dimanche 7 mai, Fabio Capello, l'entraîneur de la Juve, a de nouveau laissé le défenseur de l'équipe de France sur le banc des remplaçants.

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