Mort d'Yvonne Vera
Mort Yvonne Vera, romancière zimbabwéenneLa romancière zimbabwéenne Yvonne Vera est morte le 7 avril, à la suite d'une méningite, à Toronto (Canada). Agée de 40 ans, elle était l'auteur de cinq romans, dont deux sont traduits en français, Papillon brûle et Les Vierges de pierre (Fayard).Yvonne Vera est née à Bulawayo en 1964, dans ce qui était alors laRhodésie, colonie britannique. Issue d'une famille pauvre, elle grandit dans une township noire, pendant la guerre d'indépendance. A l'âge de 8 ans, elle travaille dans les champs de coton. Encouragée par sa mère, elle poursuit des études, au Zimbabwe puis à l'université à Toronto, avant de rentrer vivre à Bulawayo, deuxième ville du pays. "Ma mère et ma grand-mère avaient de fortes convictions sur la condition féminine : je descends d'une lignée de femmes fortes, non conformistes, qui voulaient se battre et faire entendre leur voix. Ces qualités m'ont servie pour devenir écrivain. Mais je suis encore aux prises avec mes peurs et ma vulnérabilité", nous expliquait-elle en 1998.Ses romans traitent des conflits et des injustices de l'Afrique contemporaine, à travers des intrigues puisées dans l'intimité, écrites dans un style poétique. Toute la force de son oeuvre tient à sa façon d'immerger les violences politiques dans une évocation sensuelle de la nature, des éléments, de la terre, des rivières et des arbres.Papillon brûle se situe dans une township des années 1940, où la pauvreté et le racisme laminent les vies personnelles. Dans Les Vierges de pierre, Yvonne Vera dépeint une société bouleversée par la guerre. A travers le calvaire enduré par deux soeurs, elle décrit avec une grande acuité l'enfer d'une contrée ravagée par la haine, la folie et le meurtre. "J'écris des romans, car la fiction m'aide à exprimer mes idées sur l'identité, lanation, la politique. J'ai choisi d'écrire dans un style éclaté, fidèle à la façon dont la douleur se révèle à nous-mêmes : par fragments." En 1997, elle reçoit le Prix des écrivains du Commonwealth pour son roman (non traduit) Under the Tongue.Yvonne Vera a dirigé l'antenne de la National Gallery à Bula-wayo, un musée d'art contemporain, à partir de 1997. Elle vivait au Canada depuis un an, où elle travaillait à son sixième roman.