Mort d'Yitzhak Ben Aharon

Mort Yitzhak Ben Aharon, ancien responsable travailliste L'ancien responsable travailliste Yitzhak Ben Aharon est mort vendredi 19 mai dans un hôpital de Kfar Saba. Il était âgé de 99 ans. Avec Yitzhak Ben Aharon disparaît une figure du premier âge d'Israël. De par ses fonctions au sein du Parti travailliste, dans le mouvement des kibboutz et à la tête de la centrale syndicale Histadrout, Yitzhak Ben Aharon a été l'une des figures de cette élite ashkénaze qui forgea et domina l'Etat jusqu'à sa déroute historique de 1977 face à l'alliance de la droite et de sépharades convaincus d'avoir été laissés à sa marge. Né le 17 juillet 1906 dans l'Empire austro-hongrois, en Bucovine, qui sera rattachée à la Roumanie après la première guerre mondiale, Yitzhak Ben Aharon étudie à Berlin et adhère très tôt au sionisme. Après la guerre, en 1920, il devient le responsable pour la Roumanie de l'organisation de jeunesse Hachomer Hatzaïr, dont les premiers représentants ont émigré vers la Palestine mandataire un an plus tôt. Yitzhak Ben Aharon les suit en 1928, traversant la Turquie, la Syrie et le Liban à dos d'âne selon le quotidien israélien Haaretz. Cinq ans plus tard, il s'installe en Galilée dans le kibboutz Givat Chaim fondé en hommage à Chaim Arlosoroff, le responsable travailliste victime en 1933 d'un assassinat souvent attribué à la droite sioniste. Il y résidera jusqu'à sa mort. Membre du Parti des ouvriers d'Eretz Israël, le Mapaï, et de la Haganah, la milice juive qui deviendra l'armée israélienne, il s'engage pendant la deuxième guerre mondiale dans l'armée britannique pour combattre les forces de l'Axe. Fait prisonnier par les Allemands en Grèce, il passe quatre ans en captivité. Après la création d'Israël, il quitte le Mapaï pour créer le Parti sioniste de gauche, le Mapam, très marxisant, tout en étant très actif dans le mouvement des kibboutz, dont les principes d'éducation et la mise en commun des moyens de production constituent les apports les plus originaux du sionisme. Passant du Mapam au Parti de l'unité du travail, qui se regroupe avec les travaillistes en 1969, il siège sans interruption à la Knesset de 1949 à 1973. Ministre des transports de 1959 à 1962 (il démissionne pour protester contre la politique sociale de David Ben Gourion), secrétaire général de la Histadrouth de 1969 à 1973, il se heurte ensuite à la première ministre Golda Meir, qui tente sans succès de l'évincer de la liste travailliste lors des élections de 1973. RECOURS Sa carrière s'arrête après la victoire du Likoud de Menahem Begin en 1977. Désabusé, il commente ainsi la première alternance politique en Israël : "Si c'est la volonté du peuple, il faut changer le peuple." Il rompt avec la politique en espérant constituer un recours, mais personne ne viendra faire le pèlerinage de Givat Chaim. Son amertume et son pessimisme sont renforcés par la décrépitude des kibboutz, contraints pour survivre de se tourner vers le libéralisme. Honoré par le Prix d'Israël en 1995, il avait adoubé Amir Péretz, son lointain successeur à la Histadrout, lors des élections de novembre 2005 pour la direction du Parti travailliste.