Mort de Wang Guangmei

Mort Wang Guangmei, veuve de l'ex-président chinois Liu Shaoqi, est morte à l'âge de 85 ans, vendredi 13 octobre, dans un hôpital militaire de Pékin. Le nom de Wang Guangmei restera associé à la révolution culturelle, dont elle fut - au côté de son mari - une victime privilégiée, les gardes rouges s'étant acharnés sur le couple avec une particulière cruauté. Née en 1921 dans une famille de la haute bourgeoisie - son père était un riche capitaliste devenu ministre sous le régime républicain après la chute en 1911 de la dynastie impériale des Qing -, Wang Guangmei obtint en 1945 son diplôme de physique atomique à l'université catholique Fu Jen à Pékin. Maîtrisant la langue anglaise - mais aussi le russe et le français -, elle fut interprète dans les vaines négociations que menait début 1946 le général américain George C. Marshall auprès de Mao Zedong et Tchang Kaï-chek afin de prévenir le redémarrage de la guerre civile entre communistes et nationalistes au lendemain de la reddition du Japon. L'épisode sera exploité plus tard contre elle. Mariée à Liu Shaoqi, un chef communiste orthodoxe formé à l'école de Moscou et qui succéda en 1959 à Mao à la présidence de la République populaire dans la foulée de la catastrophe du Grand Bond en avant, Wang Guangmei brilla dans les cercles dirigeants dans la première moitié des années 1960. Femme cultivée, sophistiquée, elle s'attira la jalousie vénéneuse de Jiang Qing, la femme de Mao, qui profita du typhon de la Révolution culturelle pour orchestrer en coulisse sa disgrâce. Alors que son mari Liu Shaoqi commençait à subir les assauts des gardes rouges excités par Mao, elle fut traînée le 10 avril 1967 à une "réunion de lutte" de l'université Qinghua où elle fut publiquement humiliée devant des milliers d'étudiants fanatisés : on lui fit revêtir une robe et des bas de soie, des chaussures à talons hauts ainsi qu'un collier de balles de ping-pong, référence à l'élégante toilette qu'elle portait lors d'un voyage officiel en Indonésie. On l'accusa, entre autres forfaits, d'être une espionne américaine, exhumant pour la circonstance son passé d'interprète d'anglais. Elle fut internée de 1967 à 1979. Il lui fallut attendre sa libération pour apprendre la mort en détention - dix ans plus tôt ! - de son mari. Réhabilitée par la nouvelle équipe de réformateurs postmaoïstes, elle consacra la fin de sa vie à des activités caritatives