Mort de Vivette Samuel Vivette Samuel

Mort Vivette Samuel Vivette Samuel, née Herman, est morte, dimanche 16 juillet, dans sa 88e année. Elle ne pouvait porter un autre prénom, elle qui était la vie même et qui en avait sauvé tant pendant l'Occupation. Née à Paris en 1919, Vivette Herman est contrainte d'interrompre en octobre 1940 de très brillantes études de philosophie du fait du statut des juifs décrété par le gouvernement de Vichy. Elle est recrutée en 1941 par l'Œuvre de secours aux enfants (OSE), et elle accepte d'être internée volontaire au camp de Rivesaltes comme déléguée de cet organisme afin de s'occuper au plus près des familles internées et des enfants. Elle est chargée d'organiser à l'intérieur du camp la libération des enfants de moins de 15 ans, libération obtenue avec l'aide des résistants nîmois et de l'aumônerie générale israélite des camps. Dans ce but, elle s'appuie également activement sur l'action médico-sociale des oeuvres de bienfaisance, en particulier les Quakers, l'Unitarian Service Committee, la Cimade et le Secours suisse. A partir de 1942, alors que les déportations des juifs de France commencent, elle se consacre à l'action clandestine de sauvetage des enfants. En 1943, elle est détachée comme assistante sociale auprès des Amitiés chrétiennes du Père Chaillet à Lyon, chargée plus spécialement du travail social dans les camps de travailleurs étrangers. De 1943 à 1944, Vivette Samuel est secrétaire sociale de l'OSE et travaille directement avec le réseau Garel à Limoges, puis à Chambéry, qui se chargea de sauver et de placer les enfants juifs. Avec son mari Julien Samuel qui, arrêté à quatre reprises, s'évadera autant, le couple déploiera d'inlassables efforts à sauver les vies des enfants cachés. Son livre Sauver les enfants (Paris, Liana Lévi, 1995), traduit en plusieurs langues, est un témoignage émouvant et lucide sur cette période, mais plus largement, sur l'objectif de toute une vie. En effet, en 1954, Vivette Samuel retrouve l'OSE, où elle formera des générations entières d'assistantes sociales, de travailleurs sociaux et d'éducateurs tournés vers l'unique objectif de sauver les enfants des accidents de la vie en respectant toujours ce qu'ils sont. Elle assumera la direction de l'OSE de 1979 à 1985 en développant la prise en compte de l'identité personnelle de chaque enfant confié à l'OSE dans le cadre du placement familial dans la mission de reconstruction individuelle de chacun. Grâce à cette impulsion forte de Vivette Samuel, l'OSE est aujourd'hui considérée comme une association innovante, en pointe dans la politique en faveur de l'enfance en danger, dont l'apport a permis de faire du système français un modèle dont s'inspirent de nombreux pays.