Annonce Vives réactions internationales à la vente de missiles russes à l'Iran En confirmant, dimanche 4 décembre, que l'Iran a commandé des systèmes antimissiles Tor M-1 à la Russie, les autorités de Téhéran ont adressé un nouveau message de défi à la communauté internationale et manifesté à quel point elles n'accordent qu'une confiance limitée au processus de négociations en cours avec les Européens s'agissant du dossier du nucléaire militaire. Ce contrat, d'une valeur d'au moins 700 millions de dollars, concerne notamment la livraison sur deux ans de 29 batteries de missiles capables d'intercepter des avions et des hélicoptères, des missiles de croisière ou balistiques, ainsi que des drones, à moyenne ou très basse altitude. Le Tor M-1 (le SA-15 — SAM — Gauntlet, selon la dénomination de l'OTAN), qui est capable de détruire deux cibles simultanément à une distance de 1 à 12 km, est considéré comme un système antimissile extrêmement performant. Les missiles sont tirés à la verticale à partir d'un véhicule blindé à chenilles, qui transporte 8 missiles. La Russie a notamment vendu des Tor M-1 à la Grèce et à la Chine, que Pékin a positionné en face de Taïwan. Les Etats-Unis et Israël ont vivement réagi à cette annonce, le département d'Etat soulignant que "toute vente d'armes à l'Iran, un Etat promoteur du terrorisme, est une source d'inquiétude", tandis que le ministère israélien des affaires étrangères a estimé qu'une action consistant à renforcer le potentiel militaire de l'Iran "sert les éléments les plus négatifs dans la région". Hasard du calendrier, Israël a procédé, vendredi, avec succès à un nouveau tir d'essai de son missile antimissile Hetz (l'Arrow américain). Ce 14e essai a permis d'intercepter un missile comparable au missile balistique iranien Shahab-3, potentiellement capable d'emporter une tête nucléaire. De son côté, Téhéran a réagi aux déclarations de Benyamin Nétanyahou, probable candidat du Likoud aux prochaines élections israéliennes, qui a implicitement recommandé des frappes militaires préventives contre le potentiel nucléaire iranien. Ali Larijani, principal négociateur du dossier nucléaire, a mis en garde Israël contre les "lourdes conséquences" d'une telle action. Cette surenchère, notamment la livraison de systèmes antimissiles russes à l'Iran, est de mauvais augure pour les pourparlers euro-iraniens sur le nucléaire. A Moscou, le ministre russe de la défense, Sergueï Ivanov, a confirmé cette vente, estimant qu'elle respecte la lettre et l'esprit du droit international et ne "perturbe d'aucune manière l'équilibre des forces dans la région". Tel n'est pas le sentiment des Européens. Selon l'un des négociateurs du dossier nucléaire, "il est contradictoire et paradoxal de la part des Russes de vouloir inciter les Iraniens à négocier sur le nucléaire tout en leur fournissant des systèmes antimissiles : c'est une décision négative et peu encourageante". Le geste de Moscou ne pourrait être compréhensible, assure un diplomate, que si la Russie accentuait ses pressions sur l'Iran. Dans la lettre que la troïka européenne (Allemagne, France et Royaume-Uni) a adressée à Téhéran le 27 novembre, il était clairement indiqué que le compromis russe prévoyant l'enrichissement — en Russie — de l'uranium nécessaire aux centrales nucléaires iraniennes, constituait une base pour de futures négociations. Or, Ali Larijani a estimé que celles-ci "auront pour unique sujet l'enrichissement de l'uranium destiné à fabriquer du combustible nucléaire en Iran, car c'est notre droit, et il n'y aura aucun autre sujet". Cette fin de non-recevoir équivaut à un rejet "unilatéral" de la proposition russe, a estimé Philippe Douste-Blazy, ministre français des affaires étrangères. Sans trop y croire, les Européens continuent d'envisager l'ouverture de pourparlers avant Noël.