Annonce Virage de l'Eglise espagnole : le préservatif est "immoral"La nouvelle avait fait la "une" de toute la presse espagnole et de journaux étrangers. La Conférence des évêques espagnols admettait, mardi 18 janvier, l'usage du préservatif dans la lutte contre le sida. Mais en moins de vingt-quatre heures, son porte-parole, Juan Antonio Martinez Camino, est revenu sur ses propos, en publiant un communiqué, après plus de neuf heures de réunion de la hiérarchie catholique, réaffirmant que "l'usage du préservatif est contraire à la morale". Il précise que la doctrine de l'Eglise n'a pas changé et que, selon celle-ci, "l'usage du préservatif implique une conduite sexuelle immorale". Il est donc "impossible d'en recommander l'usage".Selon le communiqué, le représentant des évêques a expliqué à la ministre de la santé, Elena Salgado, au cours de leur entretien, que "l'on ne peut pas affirmer que, quand l'Eglise se prononce pour un exercice responsable de la sexualité humaine en accord avec la vertu de chasteté, elle se situe à l'encontre des recommandations scientifiques, au moment de faire de la prévention contre le virus du sida". Bien au contraire, ajoute le communiqué, "l'abstention de relations sexuelles illicites et la fidélité mutuelle entre conjoints constituent l'unique conduite sûre à généraliser face au danger du sida. Les recommandations des experts en santé publique coïncident, en cela, avec la doctrine morale de l'Eglise".L'évêque espagnol José Luis Redrado Marchite, secrétaire du Conseil pontifical pour la santé du Vatican, avait mis en doute, mercredi matin, que la Conférence des évêques espagnols ait modifié sa position et avait rappelé que les catholiques condamnent l'usage du préservatif, en affirmant que "le préservatif est l'un des 40 moyens que les scientifiques préconisent pour combattre le sida". Il avait précisé : "Je pense que c'est ce que voulait dire le porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole." Pour l'évêque espagnol, "il est certain que le préservatif est une solution plus facile que l'abstinence. Il est tout aussi certain que, pour certains, l'abstinence puisse être traumatisante, mais il est nécessaire qu'un catholique soit cohérent avec sa foi". Les porte-parole officiels du Vatican se sont refusés à tout commentaire.Différentes conférences épiscopales interrogées par l'AFP ont toutes répondu qu'elles restaient "sur la ligne de Rome". Une polémique assez semblable avait eu lieu en France, en 1996, à la suite de la diffusion par l'épiscopat français d'un document faisant du préservatif "un moyen de prévention nécessaire".Martine Silber
