Crise Violents affrontements interpalestiniens, le président Abbas appelle au calmeHuit Palestiniens ont été tués et plus de cent trente blessés, dimanche 1er octobre, lors des heurts armés les plus meurtriers entre partisans du Hamas et du Fatah depuis l'entrée en fonction du gouvernement Hamas, fin mars.Ces violences, qui interviennent en pleine impasse politique pour former un gouvernement d'union nationale, ont éclaté après des manifestations des membres des forces de sécurité, fidèles au Fatah du président Mahmoud Abbas, pour réclamer le paiement de leurs salaires."J'ordonne le retrait de la force exécutive [la force du Hamas] vers ses anciennes positions et j'appelle le gouvernement et son chef à prendre les mesures nécessaires pour contenir la crise", a déclaré, dimanche soir, M. Abbas dans un discours à la nation. Le ministre de l'intérieur, Saïd Siam, avait déployé, dimanche matin, les hommes d'une force qu'il contrôle dans la bande de Gaza pour tenter de ramener l'ordre après plusieurs jours de protestations, ce qui a eu l'effet contraire. "Je répète mes instructions aux membres des forces de sécurité de regagner leurs positions et de mettre fin aux protestations", a insisté M. Abbas.Dans un soucis d'apaiser les tensions, le gouvernement a immédiatement accédé à la requête de M. Abbas et "décidé de redéployer la force exécutive dans ses anciennes positions", a affirmé Khaled Abou Hillal, un porte-parole du ministère de l'intérieur.Dans son discours télévisé, M. Abbas a estimé que ces violences avaient dépassé "une ligne rouge". Il a en revanche estimé, dans un entretien diffusé par la télévision Al-Jazira, qu'il ne tolèrerait "jamais" que soit franchie la "ligne rouge" d'une "guerre civile".De son côté, le premier ministre, Ismaïl Haniyeh, a appelé au calme et demandé aux "citoyens de faire preuve de responsabilité et de se placer au-dessus des différends".LE SIÈGE DU GOUVERNEMENT À RAMALLAH EN FEULes heurts, qui avaient débuté dimanche matin à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, se sont rapidement propagés à la ville de Gaza, au nord, qui a connu les violences les plus sanglantes. "Sept Palestiniens ont été tués aujourd'hui à Gaza au cours des affrontements et plus de soixante-dix blessés", a indiqué le chef des urgences de l'hôpital Chifa, Baker Abou Safia. Deux adolescents de 15 ans et 16 ans figurent parmi les victimes.Pendant plusieurs heures, le centre de la ville s'est mué en champ de bataille. Des membres de la force du ministère de l'intérieur du Hamas y ont affronté des policiers et des membres de la Sécurité préventive. En réaction, des centaines de manifestants ont mis le feu au siège du gouvernement à Ramallah, en Cisjordanie. Ils ont également incendié des bureaux avoisinants après avoir saccagé les locaux du groupe parlementaire du Hamas.Une source sécuritaire y avait également fait mention de l'enlèvement d'un membre du gouvernement du Hamas, Wasfi Qabha, le ministre chargé des prisonniers, par des membres des Brigades des Martyrs d'Al-Aqsa, ce que le ministre démentait un peu plus tard. "C'est une information sans fondement. Je ne sais pas d'où elle vient. Je n'ai pas été enlevé ou victime d'une tentative d'enlèvement." La même source avait fait état de l'enlèvement, également à Ramallah, du sous-secrétaire du ministère des finances, Samir Birawir. Aucun démenti n'a été apporté à cette information."CES VIOLENCES ENTRAVENT LE PROCESSUS DE PAIX"Dans la soirée, les combats se sont poursuivis : un partisan du Fatah a été tué et trente-cinq autres personnes blessées dans la localité de Boureij, dans le centre de la bande de Gaza, alors qu'à Hébron, dans le sud de la Cisjordanie, des manifestants pro-Fatah ont mis le feu aux bureaux locaux du Parlement.Les fonctionnaires de l'Autorité palestinienne, proches du Fatah, sont en grève et manifestent depuis le 2 septembre pour réclamer leurs payes, qui n'ont été que très partiellement versées depuis fin mars.Israël a suspendu le transfert du produit de la TVA et des taxes de douanes prélevées pour le compte de l'Autorité palestinienne, qui servait à régler les salaires des quelque cent soixante-dix mille employés publics, alors que la communauté internationale a cessé de verser des aides directes à l'Autorité palestinienne depuis l'entrée en fonction du cabinet Hamas en mars.Dans les pays arabes, des voix se sont élevées pour appeler les Palestiniens au calme. Le président égyptien, Hosni Moubarak, notamment, s'est dit "vivement préoccupé" et a ajouté que "ces violences entravent le processus de paix".
