Mort de Vincent de Swarte
Mort Vincent de Swarte, écrivainDélicieux conteur pour la jeunesse, mais aussi singulier romancier qui aimait à jouer des mythes et des genres pour mieux les subvertir, Vincent de Swarte est mort lundi 24 avril à Paris, des suites d'un cancer. Il était âgé de 42 ans.Après des études de sciences politiques à Bordeaux, Vincent de Swarte devient concepteur-rédacteur publicitaire. Un travail qu'il exercera pendant dix ans avant de se consacrer entièrement à l'écriture. C'est en littérature jeunesse qu'il fait ses débuts avec Le Carrousel de la mer (Gallimard, 1996). Un premier livre qui souligne déjà son goût prononcé pour les contes. Outre quelques poèmes, deux autres romans pour la jeunesse suivront avant que cet homme chaleureux et subtil ne compose son premier roman pour adultes : Pharricide (Calmann-Lévy, 1998, Pocket). Aussi troublant que saisissant, celui-ci mettait en scène un gardien de phare, taxidermiste et sanguinaire, qui n'est pas sans rappeler celui de La Tour d'amour, de Rachilde.Salué par la critique (il a reçu d'ailleurs le prix Charles Brisset), le romancier y révélait outre un imaginaire des plus singuliers - proche du "réalisme fantastique" -, une écriture vive, ardente, et aussi un étonnant sens de la construction narrative.Autant de qualités que l'on retrouvera, un an plus tard, dans Requiem pour un sauvage (Pauvert, 1999) couronné par le prix Wepler. Toujours sur le mode du conte, l'écrivain va jouer cette fois du mythe - celui du bon sauvage - pour relater le parcours d'un enfant abandonné dans une forêt du Périgord au XIIIe siècle. Après avoir découvert l'humanité et la barbarie, ce personnage retournera vivre dans sa grotte, qui n'est autre que celle de Lascaux...Moins cruel, la même année, Vincent de Swarte, dans La Chapelle aux oiseaux (Pauvert), va revisiter très librement et avec beaucoup de drôlerie la Nativité.FULGURANCES POÉTIQUESEn 2002, après Le Paradis existe (Pauvert, 2001), chronique d'un village d'Ukraine contaminé par la catastrophe de Tchernobyl, où cependant la vie reprend peu à peu, le ciel s'assombrit à nouveau avec Lynx (Denoël, 2002). Cette fois, l'écrivain ne joue pas seulement des mythes mais aussi des genres, en l'occurrence ici le roman noir, qu'il va subvertir par une écriture flamboyante, sensuelle, âpre, traversée de fulgurances poétiques qui illuminent ce thriller baroque, plein d'humour et d'humanité. En 2003, Vincent de Swarte revient à ses premières amours avec un recueil de contes, Petit Bloï (Gallimard, "Folio Cadet").Ecrivain à l'imaginaire fécond, oscillant entre fable onirique et réalisme désenchanté, Vincent de Swarte publiait, il y a tout juste un an, le drôle et émouvant Elle est moi (Denoël, 2005). Un roman trans-genre, à la fois autofiction fantastique et conte philosophique, qui au coeur d'une vertigineuse histoire d'identité, mettait à mal, non sans finesse, quelques idées reçues sur le désir, les rapports hommes-femmes et l'amour fusionnel.En septembre, Ramsay va publier Journal d'un père avant que Denoël, de son côté, ne fasse paraître un recueil de nouvelles, intitulé Pharanoïa.