Annonce Villepin risque de passer en correctionnelle Le parquet de Paris a requis hier le renvoi en correctionnelle de Dominique de Villepin, pour complicité de dénonciation calomnieuse dans l'affaire Clearstream. Son avis est facultatif, la décision finale revenant aux juges d'instruction. Mais comme ces derniers piaffent de renvoyer Villepin et consorts devant un tribunal, le suspense est minime. Le parquet, sous tutelle de la chancellerie, leur a simplement délivré son feu vert.Rôle.Bravache, Villepin a déjà eu l'occasion d'exiger un «procès public» où il mise sur une relaxe, de préférence à un non-lieu prononcé en cours d'instruction. Hier, son avocat Me Olivier d'Antin n'a toutefois pas manqué de critiquer la position «surprenante et contradictoire» du parquet. En juin, il requérait un supplément d'information, faute «d'éléments permettant de lever le doute» sur son rôle exact. Les juges ont fait semblant d'obtempérer, reconvoquant Villepin pendant vingt minutes, après l'avoir déjà entendu pendant vingt heures, avant de reclôturer illico leur instruction - tel un bras d'honneur. Malgré l'humiliation, le parquet en a profité pour changer d'avis : Villepin mériterait la correctionnelle. Exégèse de Me d'Antin : «La justice a mobilisé tellement de temps et d'argent qu'il était difficile d'imaginer un procès sans M. de Villepin.»Mis à part Nicolas Sarkozy (partie civile) et les magistrats faisant profession de lui sucer la roue, aucun juriste ne pense que l'accusation tient la route. La dénonciation calomnieuse suppose que le délinquant présumé avait connaissance de la fausseté des faits dénoncés. On peut certes soupçonner Villepin d'avoir animé le cabinet noir de la chiraquie, ourdi des complots contre Sarkozy, encore faut-il démontrer qu'il savait par avance que les listings Clearstream étaient bidonnés. Le général Rondot, chargé par l'ancien Premier ministre d'en vérifier l'authenticité, a au contraire explicité son mot d'ordre initial : «On ne sait pas si c'est bon ou pas, mais si tout ça est un montage, non seulement on arrête mais en plus on agit.» Au fil des événements, Rondot décrit Villepin comme «jubilatoire mais surtout soucieux de ne pas apparaître dans le scénario» , avant de se rendre finalement à l'évidence : «Si nous apparaissons le Président et moi, nous sautons.»Complicité. Tout cela campe un Villepin amateur de coups tordus. Mais pas de quoi affirmer sans preuve, comme le font les juges, que, d'emblée, il «savait les faits totalement ou partiellement inexacts.» Ou alors il faudra poursuivre pour complicité le parquet de Paris qui, en juin 2004, ouvrait une enquête préliminaire en demandant à la justice luxembourgeoise si «les éléments livrés par les courriers anonymes apportent des informations complémentaires substantielles.»
