Annonce Villepin prône la "fermeté" pour l'immigration irrégulière Dominique de Villepin, qui dévoile, mercredi 11 mai, son plan d'action contre l'immigration irrégulière, souligne que "la règle, c'est la fermeté". Dans un entretien que publie mercredi 11 mai Le Figaro, le ministre de l'intérieur donne les grandes lignes du plan qu'il a présenté mardi à Matignon lors d'une réunion de ministres présidée par Jean-Pierre Raffarin et qui sera avalisé en conseil des ministres jeudi matin : création d'un service central de l'immigration, d'une police de l'immigration, contrôle accru des mariages, augmentation des reconduites aux frontières. Pour la première fois, Dominique de Villepin donne une estimation officielle du nombre de clandestins en France, "entre 200 000 et 400 000 personnes". "Je donne ces deux chiffres pour ramener le débat à des proportions réalistes. Certains parlent d'un million de clandestins en France. Cela n'a aucun sens", ajoute-t-il à l'adresse notamment du Front national. Il affirme que les régularisations massives de clandestins, du type de celles pratiquées en 2004 en Italie et ces dernières semaines en Espagne, sont "hors de question". En France, affirme-t-il, "les deux régularisations massives de 1981 et de 1997 se sont soldées par des échecs. A chaque fois, cela a créé un appel d'air et produit de nouvelles arrivées". "Face à l'immigration irrégulière, la règle, c'est la fermeté", insiste-t-il. Pour le ministre de l'intérieur, le plan qu'il présente mercredi "donnera les moyens opérationnels de faire respecter la règle de droit". Un service public de contrôle de l'immigration sera chargé de "coordonner l'activité de toutes les administrations concernées : intérieur, justice, affaires sociales et affaires étrangères". Sa responsabilité sera confiée à "un haut fonctionnaire de l'intérieur, alors qu'aujourd'hui les informations sont éparpillées entre différentes administrations". Une police de l'immigration sera créée, et la police de l'air et des frontières (PAF) en sera "le noyau dur". Dotée de 600 policiers de plus, "elle se consacrera exclusivement au démantèlement des filières de clandestins et aux reconduites aux frontières", précise Dominique de Villepin. "Nous avons reconduit 11 000 personnes en 2003 et 16 000 en 2004. Mon objectif est de parvenir à 20 000 en 2005", rappelle-t-il. "Dans chaque département, nous installerons également des pôles d'immigration où travailleront policiers et fonctionnaires des préfectures", poursuit le ministre de l'intérieur. RÉUNION DU G5 À PARIS Il ajoute qu'un Office central de lutte contre le travail illégal sera créé et confié à la gendarmerie. Il souligne que d'ici trois ans les consulats délivreront des visas biométriques. Des mesures seront prises, notamment en ce qui concerne le contrôle des mariages. "Les unions de nationaux avec des étrangers sont passées de 18 000 en 1999 à 53 000 en 2004. Nous estimons qu'il y a chaque année plusieurs milliers de mariages forcés ou de complaisance. Nous allons donc modifier le code civil, afin que la transcription d'un mariage à l'étranger ne soit plus automatique" , explique-t-il. "Désormais le procureur devra faire une enquête en liaison avec les services consulaires pour vérifier que les conditions d'un mariage valide en droit français sont bien remplies", ajoute-t-il. Dominique de Villepin, qui estime qu'"il n'y a pas de divergence entre les pays européens sur la nécessité d'un meilleur contrôle de l'immigration irrégulière", accueillera jeudi 12 mai à Paris, en pleine campagne référendaire, ses homologues européens du G5 (France, Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne, Italie) pour une réunion sur les contrôles aux frontières. Dans un communiqué publié mardi 10 mai, l'association Droits devant !! appelle le gouvernement français à procéder à de nouvelles régularisations massives en suivant les exemples italien et espagnol. "Les sans-papiers ne sont pas des délinquants, et il importe que leur lutte sorte de la chasse gardée du ministère de l'intérieur", souligne Droits devant !!. L'association, qui appelle à une manifestation mercredi après-midi devant le ministère de la cohésion sociale – manifestation à laquelle devraient participer 123 sans-papiers –, réclame la délivrance pour ces clandestins d'un permis de travailler permanent qui entraînerait une régularisation administrative du ministère de l'intérieur. Vendredi, la préfecture de police de Paris a annoncé la régularisation de douze sans-papiers en grève de la faim depuis cinquante jours dans la capitale. Prié de dire si cette mesure ne brouille pas son message de fermeté, Dominique de Villepin répond dans Le Figaro que "les préfets étudient les dossiers au cas par cas et n'accordent un titre de séjour que lorsque la situation administrative ou humaine le justifie".