Incident Vif incident à l'Assemblée entre Dominique de Villepin et François Hollande Un vif incident a opposé, mardi 20 juin dans l'après-midi, François Hollande et Dominique de Villepin lors d'une séance de questions d'actualité à l'Assemblée. L'échange, relativement violent, a entraîné une suspension immédiate de séance et une polémique au sein de l'opposition et de l'UDF. Demandant au premier ministre s'il renouvelait sa confiance au coprésident d'EADS, Noël Forgeard, François Hollande a attaqué le premier ministre, lui disant qu'il avait "perdu la confiance" auprès des Français comme de sa majorité. "Cette confiance, vous ne la trouverez pas davantage dans les procédures judiciaires que vous intentez contre des journalistes", a-t-il ajouté en référence à la plainte pour diffamation lancée par le premier ministre contre trois auteurs d'ouvrages sur le scandale Clearstream. En réponse, Dominique de Villepin a accusé le premier secrétaire du PS de "lâcheté", déchaînant les protestations des socialistes, qui ont quitté leurs bancs. "Je dénonce la facilité, et je dirai même en vous regardant, la lâcheté, la lâcheté qu'il y a dans votre attitude", a lancé le chef du gouvernement. Plusieurs députés de l'opposition, debout, ont crié "Dehors ! démission !" en lui montrant la sortie. "Je le redis, la lâcheté", a réitéré M. de Villepin en réponse aux huées. "Il est des moments dans la démocratie où l'on ne peut pas dire n'importe quoi", a-t-il renchéri. Et d'ajouter : "On ne peut pas mélanger les carottes et les choux-fleurs, on ne peut pas mélanger l'exigence de vérité et l'exigence de bonne gestion". Le chef du gouvernement s'en est pris ensuite aux "contradictions" dans la question du socialiste, dans un brouhaha tel qu'il était quasiment inaudible. Il a accusé l'opposition de n'avoir "jamais cessé de brader le service public" et de n'avoir "jamais été au rendez-vous de la politique de la nation". L'OPPOSITION DEMANDE DES ÉLECTIONS ANTICIPÉES Suite à la suspension de séance, François Hollande a implicitement demandé le départ de Matignon de Dominique de Villepin : "La majorité peut gouverner jusqu'en 2007 mais pas dans n'importe quelles conditions, et je ne crois pas avec ce premier ministre", a dit le premier secrétaire du Parti socialiste dans les couloirs de l'Assemblée nationale. Suite à l'incident, le Parti socialiste a demandé que Dominique de Villepin présente des excuses lors de la prochaine séance des questions d'actualité à l'Assemblée. A la reprise des travaux parlementaires, Jean-Marc Ayrault a officiellement formulé la requête du groupe socialiste. "En respectant ses adversaires, c'est la République que l'on respecte et nous attendons que le geste soit fait, et en fonction de la réponse du premier ministre, nous prendrons nos responsabilités", a dit le président du groupe à l'adresse du président de l'Assemblée, Jean-Louis Debré. Le président de l'UDF, François Bayrou, a demandé, de son côté, à la sortie de l'hémicycle, "des élections anticipées", estimant que "plus rien ne marche" et que "les commandes de l'Etat ne répondent plus". "On est dans un moment de décomposition complète. Chacun se demande combien de temps ça va pouvoir durer encore comme ça. Je parle de cette ambiance incroyable dans laquelle on vit, et où plus personne ne se reconnaît", a également déclaré le président de l'UDF. Certains députés UMP "sarkozystes", comme Hervé de Charette ou Jean-Paul Anciaux ont également fustigé les propos du chef du gouvernement. Hervé de Charette a jugé absolument "indispensable" un remaniement gouvernemental, après la "provocation" de Dominique de Villepin. "Le président de la République ne peut pas ne pas constater la situation de crise dans laquelle le premier ministre l'enfonce. Un remaniement est absolument indispensable", a insisté le député sarkozyste.