Élection Victoires électorales pour Jean-Pierre Raffarin et plusieurs de ses anciens ministresUn peu plus de trois mois après avoir quitté Matignon, Jean-Pierre Raffarin a effectué, dimanche, son retour sur la scène politique en retrouvant son fauteuil de sénateur de la Vienne, première étape vers une probable candidature au perchoir de la Haute Assemblée.Sans surprise, l'ancien premier ministre a été réélu dès le premier tour à l'occasion d'une sénatoriale partielle, avec 56,9 % des voix, soit sensiblement le même score que celui obtenu il y a un an (56,5 %). En septembre 2004, alors encore chef du gouvernement, il avait démissionné sitôt élu, laissant siéger son suppléant.Son ancien ministre de l'éducation nationale, François Fillon (UMP), a lui aussi été élu au premier tour sénateur de la Sarthe avec 54,9 % des suffrages. En revanche, l'ancien ministre de l'écologie Serge Lepeltier (UMP), maire de Bourges (Cher), a été battu par un candidat dissident de l'UMP au premier tour, et a décidé de se désister en sa faveur au deuxième tour.M. RAFFARIN A "LABOURÉ" SES TERRESAu Palais du Luxembourg, M. Raffarin se retrouvera en terrain connu pour y avoir déjà siégé entre 1997 et 2002. Tout au long de l'été, le prédécesseur de Dominique de Villepin s'est fait très discret, refusant toute médiatisation nationale et privilégiant une campagne de proximité. Ces dernières semaines, il a ainsi "labouré" ses terres poitevines, sillonnant toutes les communes et promettant aux grands électeurs d'être un "sénateur à temps plein", "disponible dans la Vienne" tout en étant "influent à Paris".En "cure de désintoxication" après la "pression" subie pendant ses trois années à Matignon, M. Raffarin est seulement sorti de son silence début septembre, pour saluer les "bons débuts" de son successeur – avec lequel il a pourtant connu des derniers mois très conflictuels avant d'être remercié par Jacques Chirac – et estimer qu'il "se démerde bien".Refusant de revenir trop brusquement sous le feu des projecteurs, M. Raffarin ne devrait pas se rendre aux journées parlementaires UMP à Evian (Haute-Savoie), lundi et mardi. "Je ne souhaite pas faire une rentrée politique bruyante. Je soutiens le gouvernement. Je ne commente pas son action", a déclaré l'ancien chef du gouvernement dimanche.LE PERCHOIR DE LA HAUTE ASSEMBLÉEOutre que son élection va lui offrir une tribune, elle lui permet de reprendre pied dans la région Poitou-Charentes, qu'il a présidée entre 1988 et 2002 et qui est passée en 2004 aux mains de la socialiste Ségolène Royal. Cette dernière n'a d'ailleurs pas ménagé ses critiques contre l'ex-premier ministre en lançant mercredi : "Voilà quelqu'un qui a été congédié par Chirac, par les Français et qui, comme si de rien n'était, va faire croire qu'il a la confiance populaire parce qu'à cause du mode de scrutin, on peut être réélu" au Sénat.Très discret sur ses intentions, M. Raffarin n'en a pas pour autant renoncé à toute ambition politique au niveau national. Alors que l'actuel président du Sénat, l'UMP Christian Poncelet, âgé de 77 ans, a annoncé qu'il ne briguerait pas de nouveau mandat en 2008, le nom du nouveau sénateur de la Vienne est souvent avancé parmi ses possibles successeurs. "Pourquoi Jean-Pierre Raffarin ne serait-il pas candidat ? (...) Ça serait honorable pour le Sénat", a ainsi récemment déclaré M. Poncelet, dans un quasi-adoubement.Son ami, le ministre de l'agriculture, Dominique Bussereau, a aussitôt estimé, dimanche, qu'au Sénat M. Raffarin "fera entendre ses propositions et mettra toute son énergie au service de la réussite de Dominique de Villepin et de son gouvernement".Interrogé, dimanche, sur l'ambition qui lui est régulièrement prêtée de viser à terme la présidence de la Haute Assemblée, M. Raffarin a répondu : "Il serait indécent d'être candidat à la présidence du Sénat alors qu'on vient d'y entrer. La place n'est pas vacante. C'est un sujet hors d'actualité."
