Nouveau/elle Véronique Cayla prend le CNC L'allure sportive, le cheveu dru, visage carré tout en yeux et en bouche... la physionomie de Véronique Cayla frappe par son concentré d'énergie. Nommée hier, en Conseil des ministres, à la direction générale du Centre national du cinéma, elle y succède à Catherine Colonna, passée ministre déléguée aux Affaires européennes. Deuxième femme et deuxième chiraquienne à accéder ainsi à la tête du CNC, elle y est dans son élément. Visées. En 1978, cinq ans après sa sortie de Sciences-Po, elle est déjà conseillère technique chargée «du cinéma, des rapports cinéma et télévision et de la création artistique» au sein du cabinet de Jean-Philippe Lecat, ministre de la Culture. Cette fonceuse, très «génération 68», secoue les habitudes compassées de l'administration. On vilipende les dents longues de la «petite» Cayla, même pas énarque, lui prêtant des visées «inconsidérées» sur le poste qu'elle occupe aujourd'hui au CNC. De fait, si elle ne s'en empare pas aussi vite que le craignent ses détracteurs, l'intéressée manifeste le sens des ascensions accélérées, hâtées par des choix de carrière audacieux. En 1981, elle s'embarque sans coup férir dans l'état-major de campagne de Giscard pour l'élection présidentielle. «Je n'ai jamais été militante, nulle part, dira-t-elle plus tard, mais tant qu'à voir le fonctionnement d'une bataille électorale, autant le faire au plus près.» Ce n'était pas la bonne carte, le revers fut cinglant. Au Festival de Cannes, dont elle avait été une invité courtisée, on s'amuse beaucoup, cette année-là, de voir que «Cayla a sorti son mari de gauche (Philippe Cayla, aujourd'hui directeur du développement international de France Télévisions, ndlr) pour se montrer.» Suivent deux ans de traversée du désert. En 1983, Véronique Cayla intègre néanmoins la Vidéothèque de Paris (rebaptisé ensuite Forum des images), que le maire d'alors, Jacques Chirac, installe aux Halles. Devenue directrice de l'institution, elle en fera une réussite, gagnant définitivement l'estime du futur président. En 1992, nouveau virage, pour répondre à l'appel de... Marin Karmitz. Il lui offre le poste de directrice générale de son groupe, Cayla l'accompagne pour nouer alliance de développement avec Havas et négocier la mise en chantier du MK2 Bibliothèque. Séparation non commentée suivra en 1998. Véronique Cayla intègre le Conseil supérieur de l'audiovisuel, s'investissant sur les dossiers de la production, de la musique et d'Arte. Pas d'alternative. En 2001, elle devient directrice générale du Festival de Cannes (présidé par Gilles Jacob), en tandem avec Thierry Frémaux, chargé de la sélection des films. Elle ne semblait guère désireuse d'abandonner ces responsabilités. L'absence de «grande» candidature alternative à la direction du Cnc, qu'on vit naguère plus convoitée, a stimulé sa nomination, à l'aube de ses 55 ans. Au terme du parcours professionnel abattu, nul ne semble plus y voir matière à contestation.