Nouveau/elle Vega, une petite fusée pour compléter la gamme européenneCinq ou six fois par an, le ciel guyanais retentit durant quelques minutes des grondements d'Ariane-5, le lanceur le plus puissant jamais construit par les Européens et qui, dans sa version ECA, a récemment mis en orbite une charge utile record de plus de 8 tonnes. Ce rythme pourrait bientôt augmenter avec l'arrivée prochaine d'un nouvel engin. ChiffresBudget. Selon l'Agence spatiale européenne (ESA), le coût de Vega est estimé à quelque 560 millions d'euros (conditions économiques de 2006). 440 millions d'euros concernent le lanceur proprement dit et le solde, 120 millions d'euros, le développement du moteur de son premier étage, le P 80.Financement. Ne participent au programme Vega, en tant que membres de l'ESA, que l'Italie pour environ 65 %, la France (15 %), l'Espagne (6 %), la Belgique (5,6 %), les Pays-Bas (2,8 %), la Suisse (1,35 %) et la Suède (0,8 %). Pour le P 80, dont le développement est piloté par le Centre national d'études spatiales, le financement est assuré pour moitié par la société italienne Avio (intégration et les essais du 1er étage) et, pour l'autre, par l'Italie qui en paie 52 %, la France (un tiers) et la Belgique.[-] fermerJeudi 30 novembre, sur la base spatiale de Kourou, un pas décisif devrait être franchi avec la première mise à feu du moteur du premier étage (P 80) du lanceur Vega, développé par l'Agence spatiale européenne (ESA). Une petite fusée qui se contentera demain de mettre en orbite polaire à 700 km d'altitude - contre 36 000 km à Ariane - des charges ne dépassant pas les 1 500 kilos.Même réussi, cet essai du P 80 ne suffira pas à qualifier Vega. Un autre est prévu au début de 2007. Toutefois, pour que le concept Vega soit validé, chacun des trois étages à poudre du petit lanceur européen doit réussir deux tests. Le deuxième étage, Zefiro 23, et le troisième, Zefiro 9, ont déjà passé avec succès un premier examen, respectivement en juin 2006 et en décembre 2005. D'autres tests sont prévus au cours des prochaines semaines.Avec ses 137 tonnes et ses 30 mètres de haut, Vega est un lanceur modeste, dont la définition - des matières premières aux procédés de fabrication et de mise en oeuvre - obéit à deux critères : être innovant et pas cher. Pour ces raisons, le P 80, dont la maîtrise d'ouvrage a été confiée à la direction des lanceurs du Centre national d'études spatiales (CNES), possède une enveloppe en fibre de carbone imprégnée de résine, d'où un appréciable gain de poids. Les deux étages Zefiro ont aussi été conçus en matériaux légers. La composition de la poudre - du butalane - a été optimisée et l'activation de la tuyère du P 80 simplifiée.Une fois terminés les essais des différents composants, il ne restera plus à Vega qu'à faire la démonstration de ses qualités... et de son absolue nécessité sur un marché déjà occupé par de puissants concurrents russes et américains. C'est une des raisons pour lesquelles les Italiens eurent tant de peine, en 1998, à convaincre les Européens de les suivre dans l'aventure. Trop cher, dirent alors les Français. Un lanceur de plus, ajoutèrent les Allemands, qui faisaient et font la promotion d'un ancien missile russe reconverti, le Rockot, dont les prix de vente sont particulièrement bas.C'était sans compter avec la volonté des Italiens de se faire un nom dans le domaine des lanceurs et avec la cour pressante dont ils faisaient l'objet - notamment de la part des Français - pour participer, dans une mesure convenable, à la remise à niveau du lanceur Ariane-5, ébranlé par des débuts catastrophiques. Comme le pragmatisme politique et le compromis sont souvent les moteurs de l'Europe spatiale, Vega fut décidé.Même si certains craignent aujourd'hui que ce programme ne conduise à une certaine duplication des compétences en matière de lanceurs et de propulsion, même si d'autres murmurent que les Italiens jouent un peu trop les francs-tireurs et négligent parfois les intérêts européens, Vega est là. Non sans quelques difficultés, mais il est en route, avec deux ans de retard, pour décoller en 2008 du pas de tir d'Ariane-1.Pour l'heure, sept Etats membres de l'ESA participent au financement de ce programme de quelque 560 millions d'euros, dont la majeure partie est à la charge de l'Italie. La France en est le deuxième contributeur et joue via ses industriels - EADS, SPS et Europropulsion - un rôle important sur le moteur du premier étage en raison de ses compétences sur les composites et la propulsion à poudre.Ne reste plus maintenant qu'à prospecter les clients en leur offrant un prix de vente par lanceur d'environ 23,5 millions de dollars. Un peu moins que les Américains, mais un plus que les Russes. Quoi qu'il en soit, Arianespace a déjà inscrit Vega dans son catalogue pour accueillir, avec Soyouz et Ariane-5, une gamme de satellites allant de 300 kg à 10 tonnes. La société espère bien d'ailleurs, comme son directeur général, Jean-Yves Le Gall, l'a confié en juin à Air et Cosmos, pouvoir lancer en 2010, depuis Kourou, cinq à six Ariane-5, représentant 85 % de son chiffre d'affaires, deux à trois Soyouz (10 %) et une à deux Vega (5 %). Du jamais-vu dans le ciel guyanais depuis 1998 et 1999.
