Arrestation Vaste coup de filet au sein de la mafia sicilienneDeux mois après l'arrestation du parrain de Cosa Nostra, Bernardo Provenzano, la police italienne a porté un nouveau coup dur à la mafia sicilienne en arrêtant, mardi 20 juin, à Palerme, plusieurs de ses hauts dirigeants. "Cosa Nostra est à genoux", s'est félicité le procureur national antimafia Piero Grasso.Plus de 500 policiers, mobilisés dans le cadre de l'opération baptisée "Gotha", ont arrêté 45 personnes, sur 52 visées par des mandats d'arrêt. Les sept autres personnes concernées sont "encore recherchées". Outre l'arrestation de seize "chefs de clan", qui régnaient chacun sur un quartier de Palerme, c'est surtout la capture d'Antonino Rotolo, 60 ans, de Francesco Bonura, 64 ans, et d'Antonino Cina, 61 ans, qui a été qualifiée de "capitale" au vu des "rôles de direction" qu'exerçaient les trois hommes. LIENS AVEC DES HOMMES POLITIQUES"Ils ont tous été dans le passé condamnés pour actes mafieux et ont tous purgé leur peine. Mais une fois sortis de prison, ils ont tous replongé en prenant les rênes de noyaux mafieux", a souligné Piero Grasso.Selon lui, l'enquête fait également "apparaître des liens entre les cellules mafieuses, des entrepreneurs et des hommes politiques". Ainsi, le président de centre droit de la région Sicile, Salvatore Cuffaro, était interrogé pour la deuxième fois par des procureurs dans un procès où il est accusé "d'action en faveur" de Cosa Nostra.Pour boucler leur vaste coup de filet, les enquêteurs se sont appuyés sur des centaines d'heures de conversation enregistrées pendant deux ans dans un cabanon situé à la périphérie de Palerme, où se réunissaient régulièrement les responsables mafieux présumés. Ces derniers "discutaient en toute liberté et sérénité de leurs affaires criminelles" car ils se croyaient à l'abri des écoutes policières grâce à un système de brouillage qu'ils activaient au début de chaque réunion.RISQUE D'UNE GUERRE DES CLANSMais, si magistrats et policiers ont ainsi pu "reconstituer l'organigramme actuel de l'association mafieuse de Palerme", c'est aussi grâce au décryptage des dizaines de lettres et documents retrouvés dans la cache de Provenzano, arrêté le 11 avril après quarante-trois ans de cavale, près de son fief de Corleone. Le chef de la mafia sicilienne avait codé toute sa correspondance en remplaçant les noms et prénoms de ses contacts par des séries de chiffres."Nous n'avons pas encore gagné la guerre, il y a encore beaucoup à faire" mais ces arrestations sont "un épisode très important. La lutte contre la mafia continue d'être une priorité pour notre pays", a affirmé le ministre de l'intérieur, Giuliano Amato. Toutefois, lors d'une conférence de presse, le préfet de police Giuseppe Caruso a fait état du risque d'une nouvelle "guerre" des clans à Palerme. Avec AFP
