Biographie Varian Mackey Fry :Il reçut une éducation quaker. En 1927, Varian Fry fonda, avec Lincoln Kirstein, Hound & Horn, une revue littéraire. Il se maria avec la sœur de Lincoln Kirstein, Eileen. Correspondant du journal américain The Living Age, Varian Fry visita Berlin en 1935. Il fut alors témoin de la barbarie des Nazis envers les Juifs. Il vit notamment deux nazis poignarder sans aucun motif la main d'un juif assis à la terrasse d'un café. Choqué par cette expérience, il aida à lever des fonds pour soutenir les mouvements anti-Nazis. Juste après l'invasion de la France, il se rendit à Marseille, officiellement en tant que journaliste mais en fait envoyé par l'Emergency Rescue Committee (ERC) (Comité de sauvetage d'urgence) qui officia à Marseille sous le nom de Centre américain de secours1 le 14 août 1940. « Fry est arrivé à Marseille en août avec 3 000 dollars, une petite valise et une liste de quelque deux cents écrivains et artistes en danger. Presque immédiatement il s'est trouvé confronté à un énorme drame humain et ce qui devait être une mission de reconnaissance de trois semaines se transforma en une aventure éprouvante de treize mois »2. Sa mission était d'aider des intellectuels, artistes, écrivains et anti-nazis, dont certains militants trotskystes3, à fuir l'Europe. Il s'installa tout d'abord à l'hôtel Splendide où il avait rencontré un autre américain, Franck Bohn, envoyé par l'American Federation of Labor (AFL) et aidé par le Jewish Labor Committee (JLC) pour aider des militants syndicalistes ou socialistes à s'enfuir. Malgré la surveillance du régime de Vichy, il cacha de nombreuses personnes à la villa Air-Bel et les aida à s'enfuir. Plus de 2 200 personnes se réfugièrent notamment au Portugal, alors neutre, avant de se rendre aux États-Unis. D'autres passèrent par la Martinique comme André Breton ou Victor Serge4. Les plus proches collaborateurs de Varian Fry furent Miriam Davenport, ancienne étudiante de l'Institut d'Art et d'Archéologie à la Sorbonne, Mary Jayne Gold, héritière à la vie romanesque, Daniel Bénédite, Albert O. Hirschman, Charles Fawcett, Leon Ball, Jean Gemähling ou Charles Wolff. Fry fut grandement aidé par Hiram Bingham IV, Vice Consul américain à Marseille qui combattit l'antisémitisme du Département d'Etat et sa politique frileuse en matière de visa. Hiram Bingham IV n'hésita pas à délivrer des milliers de visas, vrais ou faux. Cette politique déplut au régime de Vichy et au gouvernement américain, alors neutre face au conflit européen. Varian Fry se fit confisquer son passeport par les autorités américaines. Il dut peu après quitter le territoire Français le 16 septembre 1941. Il rentra alors aux États-Unis et essaya par tous les moyens de sensibiliser l'opinion publique américaine sur le sort des Juifs en Europe. En décembre 1942, il publia dans The New Republic, un article intitulé « Le Massacre des juifs en Europe ». En 1945, Fry publia Surrender on Demand (Livrer sur demande, publié aussi en France sous le titre La liste noire) qui racontait son périple en France. L'éditeur censura la préface qui dénonçait la politique américaine en matière de visas. L'ouvrage n'est sorti qu'en 1999 en France5. Il exerça alors divers métiers, se remaria après le décès de sa première femme et devint professeur de latin.