Annonce UNIVERSITÉ Après avoir découvert que deux étudiantes ont payé pour une fausse copie de droit La Sorbonne porte plainte contre X pour tentative de fraude aux examens L'université Paris-I vient de porter plainte contre X pour «fraude avec présomption d'aide extérieure contre rémunération». Deux étudiantes ont en effet tenté de tricher lors d'un examen en faisant rédiger leur copie par un complice extérieur moyennant 50 euros par copie. Le parquet de Paris devait transmettre la procédure à la police judiciaire. Pour ce délit, la peine maximale encourue est de trois ans de prison et 9 000 euros d'amende, les complices étant passibles de la même sanction. L'histoire débute en juin dernier. Des centaines d'étudiants en première année de droit à l'université Paris-I Panthéon Sorbonne envahissent les amphis pour plancher sur l'épreuve de droit constitutionnel. Parmi eux, deux jeunes filles. Des étudiantes médiocres, qui doublent leur première année. Pour elles, l'enjeu est de taille. Elles ne peuvent se permettre d'échouer. Elles ont donc organisé ce qu'elles pensent être leur planche de salut : faire rédiger leur copie par un troisième larron qui se trouve à l'extérieur. Comment s'y prennent-elles ? Pourquoi la manipulation échoue-t-elle ? Les jeunes filles, découvertes, n'ont lâché que des bribes d'informations. Le scénario le plus probable, c'est Jean-Louis Bauer, le directeur du premier cycle des études juridiques de l'université, qui le raconte. «Vraisemblablement, elles ont envoyé le sujet du devoir par SMS, puis elles ont attendu la fin de l'épreuve et, dans l'agitation qui règne toujours lors de la remise des copies, elles sont sorties de l'amphi, ont récupéré le devoir tout fait à l'extérieur et sont revenues en faisant mine d'avoir oublié de remettre leur feuille.» Ni vues, ni connues. Lorsque quelques jours plus tard les correcteurs dévoilent les noms des copies et vérifient que leur nombre correspond bien aux listes d'émargement, quelle n'est pas leur surprise de constater que deux d'entre elles ont un contenu quasi similaire et sont rédigées avec exactement la même écriture. Un graphisme qui ne correspond pas à celui des précédents devoirs des jeunes filles. Les deux étudiantes sont convoquées. «Dans un premier temps, l'une nie tout en bloc, l'autre raconte qu'elle est capable de déguiser son écriture. Elles ne veulent pas parler», explique Jean-Louis Bauer. Il faut trois rencontres avec des responsables de l'université pour obtenir des aveux et une explication incomplète. Le temps administratif étant ce qu'il est, c'est seulement le 7 décembre que se réunit la commission disciplinaire. Les étudiantes reçoivent un blâme et leur session d'examen est annulée. Une sanction relativement «légère», reconnaît Jean-Louis Bauer. Une fraude à un examen peut en effet conduire à une exclusion définitive de toutes les universités de France. «Loin de moi l'idée de les excuser mais on a l'impression qu'elles ont été prises de panique, précise le directeur des études. En outre, il y a une dimension sociale dans cette décision pour au moins l'une des deux jeunes filles.» Les responsables de la Sorbonne sont moins inquiets de la tentative de triche que des méthodes employées : l'usage d'un téléphone portable et la remise d'une copie contre rémunération. «C'est du racket», dénonce Jean-Louis Bauer. Les jeunes filles auraient refusé de dénoncer leur complice «par peur de représailles». L'acolyte était en tout cas bien organisé puisqu'il disposait de toutes les sortes de feuilles d'examens, celles-ci changeant de couleur au hasard des épreuves. «Nous redoutons que le complice appartienne à un réseau, ajoute l'universitaire, pour toutes ces raisons, nous avons porté plainte.» En attendant les conclusions de l'enquête, l'université réfléchit aux moyens de renforcer les contrôles durant les examens. Quant aux deux jeunes filles, l'une a fait une demande de dérogation pour une troisième première année ; l'autre est en deuxième année après avoir réussi la session de septembre. Sans tricher.