Annonce UNION EUROPÉENNE Le premier ministre portugais devait être nommé, hier soir, à la tête de la Commission européenne Barroso adoubé par les Vingt-Cinq Le successeur de Romano Prodi, José Manuel Durao Barroso, a été adoubé à l'unanimité par les chefs d'Etat et de gouvernement des 25 Etats membres de l'Union européenne élargie lors d'un sommet extraordinaire, hier soir à Bruxelles. Sans aucun suspense, les chefs d'État et de gouvernement européens sont tombés d'accord, hier soir, pour désigner José Manuel Durao Barroso, président de la commission européenne. La nomination du premier ministre portugais à la tête de l'exécutif européen a duré trente secondes. Un record dans l'histoire de l'Europe. «Avons-nous un accord?» a demandé Bertie Ahern à ses collègues, à peine arrivés d'Istanbul. Pas de réponse dans la salle. «Accord!» a tranché le premier ministre irlandais, au dernier jour de son mandat de président de l'Union. Le chef du gouvernement portugais succédera à Romano Prodi le 31 octobre, après l'aval du Parlement européen. Un rapide dîner convoqué à Bruxelles par la présidence irlandaise a permis à chacun de se séparer en bons termes. Les dirigeants français, allemand et britannique, qui s'étaient écharpés il y a dix jours autour de la candidature du Belge Guy Verhofstadt et du Britannique Chris Patten, ont oublié un moment leurs querelles pour se féliciter de cette nomination. Jacques Chirac a salué «un homme de compétence et de dialogue». Tony Blair lui a déjà assigné ses nouvelles priorités: la croissance économique et la lutte contre le terrorisme. C'est finalement le principal intéressé qui a eu le plus de mal, hier, à franchir le pas. L'annonce de sa nomination a provoqué un mini-séisme politique à Lisbonne. José Manuel Barroso a dû longuement justifier sa décision. «Le Portugal doit beaucoup à l'Europe, alors quand celle-ci demande à un Portugais d'apporter sa contribution à un poste important, le Portugal ne peut pas dire non», a-t-il déclaré, hier, dans une adresse solennelle à ses concitoyens. Quelques heures plus tard, à Bruxelles, il s'est présenté très décontracté devant la presse. Ravi d'avoir été nommé «par consensus», José Manuel Barroso a vanté son engagement européen en portugais, en français, puis en anglais. «Vous verrez, il sera meilleur que Prodi», prédit un habitué du Conseil européen. Il a plaidé sans surprise pour une commission «forte» qui «respecte les différentes sensibilités». Sur le plan économique, ce dirigeant réputé très libéral a insisté pour «sauvegarder la dimension sociale de l'Europe». Sur le plan politique, il estime «qu'il est temps de consolider les avances européennes dans l'esprit des gens». Il n'a surtout pas voulu s'appesantir sur les marchandages de portefeuilles qui entoureront l'organisation de la future commission. Berlin réclame pour Gunter Verheugen un super-portefeuille économique et Paris verrait bien Jacques Barrot s'installer à la concurrence. Bientôt, José Manuel Durao Barroso sera amené à se remémorer cet avertissement: «N'oublie pas qui t'as fait roi!»