Scandale Une vidéo en caméra cachée aggrave la crise politique en PologneIl aura attendu près de vingt-quatre heures pour réagir. Mercredi 27 septembre, le premier ministre polonais conservateur, Jaroslaw Kaczynski, a choisi le petit écran pour se défendre des accusations de "corruption politique" lancées contre son parti Droit et Justice (PiS) et dont se sont emparées l'opposition et la presse depuis qu'elle a éclaté au grand jour, mardi.Au coeur du scandale, la tentative d'Adam Lipinski, l'un des caciques du PiS, également membre de la chancellerie du premier ministre, de débaucher la députée populiste Renata Beger, dont le parti (Autodéfense, Samoobrona) vient d'être exclu du gouvernement. Filmé à son insu par une caméra cachée, avec la complicité de Mme Beger, M. Lipinski tente de convaincre la députée de soutenir le gouvernement à la Diète contre la promesse d'un poste au ministère de l'agriculture et de l'aider à régler ses ennuis judiciaires. Le document, diffusé, mardi 26 au soir, sur la chaîne privée TVN, a déclenché une tempête poitique à Varsovie.L'opposition a sauté sur l'occasion. Dans la nuit de mardi à mercredi, la Plate-forme civique (PO, libéraux) et l'Alliance des gauches démocratiques (SLD, sociaux-démocrates) ont dénoncé la "corruption politique" de l'équipe au pouvoir et réclament des explications.Le cabinet de M. Kaczynski s'est retrouvé en position minoritaire au Parlement suite au limogeage du gouvernement, le 22 septembre, d'Andrzej Lepper, dirigeant de Samoobrona et ministre de l'agriculture. Depuis le PiS cherche désespérément de nouveaux partenaires pour éviter des élections anticipées. Le Parti Paysan a refusé mercredi l'offre qui lui était faite..Dans son allocution diffusée, mercredi, en prime time, sur la télévision publique, M. Kaczynski a fustigé les auteurs du scandale, qu'il a qualifié de "provocation" destinée à "créer une crise politique". Pour le politologue Bohdan Szklarski, du Collegium Civitas à Varsovie, le problème ne tient pas tant aux tractations pour débaucher les députés - "un mécanisme politique classique", mais "à la manière dont PiS les a menées et aux propositions formulées".L'affaire aura jeté un fort discrédit sur l'idéologie moralisatrice du PiS, notamment en matière de lutte contre la corruption, et affaibli le parti. Désormais, PiS pourrait chercher à "gagner du temps". Selon lui, "le scénario le plus probable est que nous ayons un gouvernement minoritaire qui reste au pouvoir encore quelque temps, mais, placé sous une forte pression, celle de l'opposition et de l'électorat."Cette dernière crise n'aura pas empêché le gouvernement Kaczynski d'adopter, mercredi, le projet de budget 2007, auquel M. Lepper s'était opposé, réclamant une hausse des dépenses sociales. Ce budget, qui limite le déficit à 7, 5 milliards d'euros, doit être soumis au Parlement avant le 30 septembre.
