Crise Une semaine d'embrasement en banlieue parisienne Pour la septième nuit consécutive, des violences ont éclaté mercredi soir dans neuf communes de Seine-Saint-Denis. A Aulnay-sous-Bois, des jeunes gens ont "saccagé", selon la préfecture, un poste de police fermé la nuit, et à La Courneuve, des CRS ont essuyé "deux tirs à balles réelles". Les violences semblaient se calmer vers 3 heures du matin dans ce département, où 15 personnes ont été interpellées et plus d'une centaine de véhicules ont brûlé, selon la police nationale. A Aulnay-sous-Bois, peu avant 23 h 30, trois journalistes de France 2 ont abandonné leur voiture quand des dizaines de jeunes encagoulés ont surgi en les menaçant, selon leur témoignage recueilli sur place par l'AFP. Peu après, leur voiture brûlait, carcasse retournée au milieu de la rue Jacques-Duclos, où quelques dizaines de jeunes gens défiaient les CRS qui leur faisaient face, à dix mètres, selon l'AFP. Au même endroit, une concession automobile a pris feu, mobilisant un très grand nombre de pompiers pendant plusieurs heures. Tout près de là, deux classes d'une école primaire d'Aulnay avaient aussi été incendiées, selon des sources concordantes. INCENDIES DANS PLUSIEURS DÉPARTEMENTS Un gymnase a été incendié au Blanc-Mesnil, commune limitrophe d'Aulnay-sous-Bois, ont indiqué mercredi soir les pompiers de Paris qui ont dit avoir reçu "plusieurs centaines d'appels" pour des incendies de voitures et de poubelles. Un pompier a par ailleurs été brûlé au deuxième degré au visage par un cocktail Molotov lancé dans un véhicule et deux autres ont été légèrement blessés. Plusieurs engins ont été endommagés par des tirs de projectiles. Selon un compte de la préfecture arrêté à 22 h 45, une quarantaine de véhicules avaient été incendiés à Bobigny, Bondy, Aulnay-sous-Bois, Le Bourget, Villepinte, Le Blanc-Mesnil, La Courneuve, Clichy-sous-Bois et Sevran, ainsi que deux bus dans des lieux non précisés. Dans les Hauts-de-Seine, trois personnes ont été interpellées. Des dizaines de véhicules y avaient été incendiés et deux cocktails Molotov lancés sur un commissariat d'Antony, selon des sources policières. En Seine-et-Marne, dix feux de véhicules étaient signalés. Six véhicules avaient brûlé dans le Val-d'Oise. Tandis que dans les Yvelines, la situation était calme à 23 heures. En revanche, les quartiers à la limite de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil, "berceau" des émeutes il y a près d'une semaine, ont connu peu de troubles. Le maire de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain (PS), avait annoncé plus tôt que "le dispositif, cette nuit, serait adapté et nettement moins provocant". En fin d'après-midi, Bobigny a été le théâtre de violences inhabituelles : une partie du centre commercial Bobigny 2 a été vandalisée par une quarantaine de personnes encagoulées, vers 18 h 30, et une voiture incendiée devant la préfecture située à 200 mètres. VISITE NOCTURNE DE NICOLAS SARKOZY Le ministre de l'intérieur, quant à lui, s'est rendu à Bobigny dans la nuit, sans caméras, afin de visiter la salle d'information et de commandement (SIC), centre névralgique de la direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Nicolas Sarkozy a participé pendant près d'une heure à une réunion de travail pour faire le point sur les événements de la nuit avec le préfet Jean-François Cordet, le directeur départemental Jacques Méric et le directeur des CRS, Christian Lambert. De son côté, le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé, a réaffirmé dans la soirée que ce qui comptait dans cette "situation difficile" était "le respect mutuel". "Chacun doit s'écouter, se comprendre et se parler", a-t-il déclaré, en ajoutant que Dominique de Villepin réunirait, jeudi 3 novembre, "toute une partie de la journée" des élus et des responsables d'associations de quartier pour "voir ensemble, en particulier dans la région parisienne, comment on peut donner les moyens (...) d'aller plus loin et regarder l'avenir".