Annonce Une nouvelle compagnie pétrolière régionale pour concurrencer les Etats-UnisCastro et Chavez se liguent contre les Etats-Unis La flambée des prix du pétrole dope Fidel Castro. De tempérament d'ordinaire casanier, le président cubain s'est déplacé au Venezuela pour apporter son soutien à Hugo Chavez pour la formation d'un «bloc Caraïbes» hostile aux Etats-Unis et fondé sur la manne pétrolière vénézuélienne. La première sortie depuis dix-huit mois du territoire cubain du vieux chef révolutionnaire a été entourée du plus grand secret jusqu'à son arrivée à Puerto La Cruz, à l'est de Caracas, où s'est ouvert mercredi le sommet «Petrocaribe», la première rencontre sur l'énergie des chefs d'Etat et de gouvernement de la région. Craignant qu'un attentat ne soit commis par l'entourage du dirigeant cubain, le déplacement du président a été farouchement nié par les autorités jusqu'au dernier moment. «Que personne ne soit surpris, quand je voyage, que je doive utiliser deux avions. J'ai dû toute ma vie inventer des choses pour survivre, ce qui est un miracle, un grand hasard et une chance pour moi d'être ici après cinquante ans de révolution», a commenté, égal à lui-même, Fidel Castro, reçu à son arrivée par son ami Hugo Chavez, engagé depuis plusieurs années dans une révolution «bolivarienne» et «socialiste» assez proche de l'expérience castriste. «Il est primordial de se battre pour le Venezuela et les Vénézuéliens comme il est important de se battre pour mon pays et les Caraïbes. Nous voulons partager avec nos frères les ressources pétrolières du Venezuela, maintenant libéré de la domination impérialiste», a-t-il déclaré. Lancé à l'initiative du président Chavez, Petrocaribe entend promouvoir la création d'une compagnie pétrolière régionale, sous la coupe de l'actuelle entreprise d'Etat vénézuélienne PDVSA afin d'amplifier les accords de San José et de Caracas qui prévoient la vente par le Venezuela de pétrole aux pays des Caraïbes à des conditions préférentielles. Fidel Castro, 78 ans, souvent présenté par les commentateurs comme le «mentor» d'Hugo Chavez, s'efforce avec ce dernier de réaliser l'Alternative bolivarienne pour l'Amérique (Alba), un projet d'intégration régionale destiné à contrer la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), d'inspiration libérale, prônée par les Etats-Unis.Pour les pays des Caraïbes, Petrocaribe représente «un ballon d'oxygène bienvenu», selon les mots du premier ministre jamaïcain P.J. Patterson. Le Venezuela est le cinquième exportateur de pétrole au monde et un important fournisseur des Etats-Unis, mais Chavez veut diversifier la clientèle pétrolière de son pays. Dans le cadre de l'initiative Petrocaribe, il entend faire du Venezuela une plate-forme de distribution pétrolière et de raffinage au service des pays importateurs pauvres. Ce plan permettra, selon lui, d'éliminer les intermédiaires privés et d'offrir des facilités de paiement plus grandes.Le président vénézuélien s'en est pris aux Etats-Unis, accusés de s'ingérer dans les efforts qu'il déploie pour créer sa nouvelle alliance. Il estime qu'un jour il pourrait avoir à rompre ses relations avec Washington. Chavez a formulé cette mise en garde après avoir lu une lettre le critiquant, adressée selon lui par le département d'Etat américain à certains des 15 pays des Caraïbes assistant au sommet. Il a indiqué que la lettre du département d'Etat exprimait des craintes de voir son régime «menacer la démocratie du Venezuela». Elle l'accuse aussi de se servir du pétrole vénézuélien pour tenter de déstabiliser des voisins tels que la Bolivie et l'Equateur en soutenant des groupes radicaux.
