Fait divers Une nouvelle affaire Rodney King ? Un vieil homme noir a été brutalisé samedi à La Nouvelle-Orléans par des policiers, qui s'en sont également pris aux journalistes qui filmaient la scène. Embarras du chef de la police de La Nouvelle-Orléans, qui reconnaît la violence de l'arrestation, tout en soulignant que la vidéo ne montre pas toute l'altercation. La scène, brutale, choquante, a été largement diffusée par les chaînes ABC et CNN ce week-end. Alors que la vie reprend à La Nouvelle-Orléans, durement frappée par le cyclone Katrina, et où une grande partie de la population la plus pauvre, et noire, a tout perdu, des journalistes sont allés tourner un reportage ce week-end dans des bars du quartier historique de la ville. C'est là qu'une caméra de télévision a filmé samedi soir un membre des forces de l'ordre frappant violemment un homme, en état d'ivresse selon la police. Le policier était blanc, l'interpellé un vieil homme noir, âgé de 64 ans. Le sexagénaire, nommé Robert Davis, enseignant à la retraite, a été hospitalisé. Il devrait comparaître ultérieurement notamment pour ivresse sur la voie publique, résistance et voie de fait sur officier de police, selon le Washington Post. Les images montrent le policier en train de lui heurter à plusieurs reprises la tête contre un mur tout en lui maintenant les mains dans le dos. Elles montrent ensuite plusieurs autres policiers maintenant la victime à terre, où elle est à nouveau brutalisée, avant d'être laissée face contre le sol, dans une flaque de sang. La cassette ne montre pas toute la scène Une scène de la vidéo - DR Se voyant filmé, un des policiers s'en est pris au producteur de télévision, lui intimant l'ordre d'arrêter d'enregistrer, avant de le pousser contre une voiture et de lui donner un coup dans le ventre, en proférant des insultes. "Je suis ici depuis six semaines à essayer de rester en vie. Rentrez chez vous", aurait ensuite crié le policier. "Il paraît évident que nos policiers ont utilisé plus de force que nécessaire", a déclaré, sur CNN, le chef de la police de La Nouvelle-Orléans par interim, Warren Riley. Il s'agit de "quelques mauvais policiers, cela arrive partout", a-t-il ajouté. Les trois policiers concernés ont été suspendus de leurs fonctions dimanche soir avant d'être inculpés lundi pour mauvais traitements. Ils ont plaidé "non coupable" et resteront en liberté jusqu'à leur procès. Warren Riley a appelé à ne pas les juger trop vite, en estimant que la cassette ne montrait pas l'intégralité de la scène. "Dans une ville inondée à 80%, où 80% des habitants ont été déplacés ou évacués, 80% des policiers ont aussi perdu leurs maisons. Certainement, c'est une situation unique, c'est le moins que l'on puisse dire", a-t-il encore déclaré. Un autre officier de police cité par le Washington Post, le capitaine Marlon Defillo, a estimé pour sa part que l'agression n'avait pas de caractère raciste. Quant à Robert Davis, la victime de ce passage à tabac, il a démenti mardi avoir été en état d'ivresse lors des faits. "Je ne bois pas", a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne ABC, "je n'ai pas bu depuis plus de vingt cinq ans, pas une goutte, et je suis fier de le dire". Il a indiqué "n'avoir aucune idée" des raisons pour lesquelles il avait été frappé alors qu'il allait s'acheter un paquet de cigarettes. Il a raconté avoir seulement demandé à un policier à cheval l'heure du couvre-feu, en place à La Nouvelle-Orléans depuis Katrina, avant de poursuivre son chemin. "Un des gars est arrivé par derrière et m'a frappé à l'oeil puis m'a jeté contre le mur, je n'ai rien vu venir".