Manifestation Une manifestation dégénère en violences racistes et fait 30 blessés à SydneyUne manifestation, à laquelle participaient des membres de groupes néo-nazis, a rapidement dégénéré dimanche 12 décembre, tournant à l'agression d'estivants d'origine arabe ou jugés comme tels, selon la police. Une trentaine de personnes dont six policiers ont été blessées.Seize personnes ont été interpellées au cours des heurts qui ont éclaté dimanche sur la plage de Cronulla (sud de la ville) où plus de 5 000 personnes protestaient contre l'agression début décembre de deux sauveteurs bénévoles par des jeunes des banlieues. Agitant des drapeaux australiens et scandant des slogans nazis, des groupes de jeunes Australiens, ivres pour la plupart, s'en sont pris à des passants, notamment à une femme de confession musulmane à qui ils ont arraché son foulard, selon des médias locaux.Ken Moroney, le chef de la police des Nouvelles-Galles du Sud, s'est déclaré "écoeuré" par ces actes. "Il n'est certainement pas dans les habitudes des Australiens d'adopter une mentalité de bandes et, entre autres choses, d'agresser des femmes. Jamais de ma vie, je n'ai vu quelque chose d'aussi contraire à l'esprit australien", a-t-il estimé."CE SONT DES LÂCHES"Six policiers ont été blessés ainsi que deux ambulanciers au cours des échauffourées suivies par une série de représailles menées par une soixantaine de jeunes de banlieues voisines. Deux personnes ont reçu des coups de couteau et plus de 40 voitures ont été endommagées à coup de battes de baseball."S'en prendre à des gens en raison de leur race, de leur apparence, de leur appartenance ethnique est totalement inacceptable et devrait être rejeté par tous les Australiens quelles que soient leur éducation ou leurs convictions politiques", a réagi lundi le premier ministre John Howard lors d'une conférence de presse.Il a toutefois rejeté l'idée selon laquelle ces violences aient pu être attisées par les récentes mises en garde du gouvernement contre d'éventuelles attaques terroristes. "On ne peut connaître la façon dont chaque individu réagit mais, tout ce que nous avons dit à propos d'un terrorisme né au sein du pays s'est totalement avéré", a ajouté M. Howard, faisant visiblement allusion à l'arrestation, début novembre, de 18 islamistes d'origine australienne soupçonnés d'avoir planifié des attentats d'envergure. Le premier ministre de Nouvelles-Galles du Sud, Morris Iemma, a également fustigé les violences. "J'ai vu hier des gens se réfugier derrière le drapeau australien; ce sont des lâches dont l'attitude ne sera pas tolérée", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision Nine. "LES ARABES CONNAISSENT LE RACISME"Des représentants de la communauté musulmane de Sydney ont dénoncé une campagne de haine raciale portée à ébullition par des médias irresponsables qui ont ethnicisé l'agression de dimanche dernier.Selon eux, les musulmans australiens sont victimes de provocations racistes depuis, notamment, la guerre en Irak et les attentats de Bali (octobre 2002), où de nombreux Australiens ont trouvé la mort. "Les Arabes d'Australie connaissent la calomnie, le racisme, l'insulte et la peur de représailles raciales depuis plusieurs années, mais ces émeutes portent cette peur à un niveau supérieur", a estimé le président du Conseil arabe d'Australie, Roland Djabbour. Le gouvernement australien est un proche allié des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan, où il a déployé des soldats, et la sécurité est l'un des thèmes majeurs de ses deux dernières victoires électorales. Mais M. Howard a estimé que les mises en garde du gouvernement sur la présence d'activistes en Australie n'étaient en rien responsables des récents dérapages.
