Statistique Une grande majorité de Français regrettent le franc 61 % des Français regrettent le franc, un taux qui atteint 77 % chez les électeurs du non au référendum sur la Constitution européenne mais aussi 44 % chez ceux du oui, indique un sondage IFOP pour l'hebdomadaire Valeurs actuelles à paraître vendredi 17 juin. Trois ans et demi après la mise en place de l'euro, 38 % des Français interrogés regrettent beaucoup le franc et 23 % un peu, contre 39 % (13 % pas vraiment et 26 % pas du tout). Un chiffre en hausse de 13 points en trois ans et de 22 points par rapport à l'introduction de l'euro. En février 2002, seulement 39 % des Français regrettaient le franc. Le chiffre était monté à 48 % en juin 2002. Dans cette enquête réalisée quelques jours après le référendum sur la Constitution européenne du 29 mai qui a vu la large victoire du non, 77 % des partisans du non disaient regretter le franc contre 23 %. Les électeurs du oui sont 44 % du même avis, contre 56 %. Le sondage a été réalisé les 9 et 10 juin par téléphone auprès d'un échantillon de 1 006 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. DÉFIANCE Dans la zone euro, un vent de défiance souffle à l'égard de la monnaie commune depuis les référendums français et néerlandais. En Allemagne, Deutsche Telekom réautorisait - pour quelques mois - l'usage des pièces en deutschemark dans les cabines téléphoniques et le ministre de l'économie, Wolfgang Clement, faisait savoir que l'Union monétaire faisait payer un "prix non négligeable" à son pays en termes de croissance. En Italie, le ministre des affaires sociales, Roberto Maroni, s'interrogeait : "Ne serait-il pas mieux de revenir, temporairement, à un système de double circulation de l'euro et de la lire ?"  Ces propos, désavoués depuis par le chef du gouvernement, Silvio Berlusconi, témoignent du malaise européen. Un mois avant le référendum français, l'ancien ministre de l'économie socialiste Dominique Strauss-Kahn avait déclaré qu'en cas de non, "l'euro pouvait se déliter". Mais si le rejet du traité constitutionnel a provoqué une chute de l'euro face au dollar et atteint la confiance envers l'union monétaire, il est encore peu vraisemblable qu'il conduise à sa disparition.