Fait divers Une fusillade dans un établissement scolaire de Montréal fait deux morts Un homme a déclenché une fusillade, mercredi 13 septembre, dans un établissement préuniversitaire de Montréal, tuant une jeune femme et faisant dix-neuf blessés, avant d'être abattu par la police. Après plusieurs heures de confusion ponctuées de rumeurs contradictoires et d'images d'étudiants fuyant en pleine panique, le directeur de la police de Montréal, Yvan Delorme, a annoncé que la police avait abattu le tireur et que la fusillade avait fait vingt blessés. Dans la soirée, il précisait que, parmi ces blessés, une jeune femme de 20 ans était décédée sur les lieux de la fusillade. Il a également indiqué que le tireur avait agi seul, et qu'il disposait de trois armes, alors que des informations avaient circulé auparavant sur la présence de plusieurs tireurs. Le premier ministre canadien, Stephen Harper, a dénoncé un acte "lâche et insensé", tandis que son homologue québécois, Jean Charest, déclarait que la vie de la province francophone "s'était arrêtée pendant plusieurs heures" mercredi. UN GESTE "ISOLÉ" "J'ai vu le tireur. Il était vêtu de noir et il était en train de tirer sur des gens. Je n'ai jamais eu aussi peur de ma vie", a déclaré un jeune homme, Michel Boyer, à la chaîne CTV. "Nous étions en classe. On a entendu des coups de feu et des filles qui criaient. J'ai ouvert la porte et j'ai vu un tas de gens qui couraient. A un moment, les lumières se sont éteintes et nous avons entendu plusieurs coups de feu, une douzaine peut-être", a déclaré à l'AFP un étudiant de 17 ans, Daniel Harrosh. La fusillade a eu lieu dans le collège Dawson, établissement préuniversitaire anglophone situé en plein centre de Montréal et fréquenté par plus de 10 000 étudiants. M. Delorme a dit ne pas avoir d'indications sur le mobile de cet acte, mais a souligné que rien ne laissait penser qu'il pourrait avoir une connotation raciste ou terroriste. M. Delorme, ainsi que le maire de Montréal, Gérald Tremblay, ont insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un geste "isolé". Les policiers se sont également montrés avares de détails sur la personnalité du tireur. M. Delorme a seulement indiqué qu'il s'agissait d'un jeune Canadien et a refusé de confirmer une information de presse, selon laquelle il serait d'origine sri-lankaise. Selon une autre source policière, il était âgé de 25 ans. DIX-SEPT ANS APRÈS "LE MASSACRE DE LA POLYTECHNIQUE" Les premières images diffusées par les télévisions locales montraient des étudiants affolés en train d'évacuer l'établissement en courant et des scènes de panique aux alentours. De nombreuses personnes étaient en larmes. La plus grande confusion a régné pendant de longues heures et le centre-ville de Montréal a été paralysé, la fusillade ayant entraîné la fermeture temporaire du métro, dont une station dessert le collège Dawson. "Ça se peut pas que ce soit à Montréal, on se croirait aux Etats-Unis !", s'est exclamée une étudiante. Cette fusillade rappelle la tuerie du 6 décembre 1989, lorsqu'un tireur fou, Marc Lépine, avait ouvert le feu à l'Ecole polytechnique de Montréal. Pour se venger des "féministes", ce chômeur de 25 ans avait tué treize étudiantes et une secrétaire de l'école et blessé treize femmes avant de se tirer une balle dans la tête. En août 1992, un professeur mécontent de l'université Concordia de Montréal avait tué quatre de ses collègues. La fusillade de mercredi, la troisième dans un établissement d'enseignement à Montréal, risque de relancer le débat sur le contrôle des armes à feu au Canada, alors que le nouveau gouvernement conservateur vient de réduire la portée d'une loi sur l'enregistrement obligatoire de toutes les armes, adoptée en 1995 après "le massacre de la polytechnique".