Annonce Une expédition internationale va explorer la biodiversité des Vanuatu La faune et la flore de l'île de Santo, dans l'archipel des Vanuatu, vont sortir de leur splendide isolement : une centaine de personnes venues de 25 pays vont, pendant cinq mois, inventorier leur richesse méconnue. Avant même le départ de l'expédition, fin juillet, "le succès scientifique est à peu près assuré", avance Philippe Bouchet, océanographe au Muséum national d'histoire naturelle (MNHN) et organisateur de la mission. "Nous découvrirons de nouvelles espèces." "Santo 2006" est une opération assez unique en son genre, puisque la biodiversité de cette île grande comme la moitié de la Corse va être examinée sous toutes ses coutures : un navire océanographique explorera les fonds marins et le récif ; l'"arboglisseur" de l'organisation non gouvernementale Pro-Natura International, plate-forme suspendue sous un ballon, voguera sur la canopée ; des spéléologues se glisseront dans les recoins des grottes de l'île ; et des ethnologues tenteront de déchiffrer les rapports entre les 30 000 habitants de Santo et la nature qui les entoure. "Dans cette région, à l'écart des grandes routes scientifiques, maritimes et aériennes, c'est formidable ce qu'il y a à découvrir, s'enflamme Philippe Bouchet. Santo est sous-exploré : lors de la dernière prospection, en 1988, six nouvelles espèces d'orchidées avaient été découvertes. L'endémisme - les espèces présentes dans cette seule île - est, comme dans la majorité des îles tropicales, élevé. Il est estimé à 30 % à 50 % chez les invertébrés, et culmine à 80 % parmi les escargots." L'expédition comportait à l'origine un volet ethnographique tourné vers les pratiques médicinales locales, mais cette approche a été abandonnée. "Les pays du Sud sont persuadés que ceux du Nord pillent les savoir-faire locaux pour découvrir de nouveaux médicaments, raconte Philippe Bouchet. Cette question ultrasensible risquait de remettre en cause l'ensemble de l'expédition." Les ethnographes se concentreront donc sur la façon dont les populations locales voient les introductions d'espèces, souvent déconsidérées comme des envahisseurs par les scientifiques, mais parfois bien accueillies par les habitants des îles. Ceux-ci seront interrogés sur leur perception de l'expédition elle-même, qui ne devrait pas passer inaperçue, avec sa logistique impressionnante. Pour cette mission, il a fallu réunir 1,2 million d'euros (hors salaires des chercheurs et mise à disposition du navire océanographique). Le retour sur investissement scientifique devrait être à la hauteur. "Nous collecterons de quoi alimenter l'équivalent de plusieurs centaines d'années de recherche cumulées, réparties sur vingt à trente fois plus de chercheurs que ceux qui participeront directement à l'expédition", assure Philippe Bouchet.