Scandale Une enquête révèle l'achat de missiles tchétchènes en vue d'attentats contre des avions européensLes islamistes projetteraient de s'attaquer à des avions civils en France, selon des informations parues dans Le Figaro, vendredi 28 octobre. Pour la première fois, une enquête judiciaire menée par le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière établit que des islamistes français se seraient procuré à cette fin deux missiles sol-air en Tchétchénie.La filière tchétchène, particulièrement active ces dernières années, est suivie de près. Ces islamistes radicaux, déjà soupçonnés de préparer des attentats chimiques ou bactériologiques, auraient également des projets criminels contre les aéroports français. Quelques individus ont été interpellés en 2002 par la DST, mais certains seraient encore en liberté.Cette information est prise au sérieux, car elle émane d'un haut responsable djihadiste emprisonné à Amman, en Jordanie, récemment entendu dans le cadre de l'enquête française. Ce Jordanien, Adnan Muhammad Sadik alias "Abou Atiya", est un proche de son compatriote Al-Zarkaoui, chef d'Al-Qaida en Irak. Il le représentait au Caucase, et surpervisait l'entraînement des nouvelles recrues. En 2001, "Abou Atiya" a accueilli un groupe de Français et d'Algériens, dont certains avaient combattu en Afghanistan, et dont la plupart avait participé au projet d'attentat contre la cathédrale de Strasbourg fin 2000. Le chef jordanien a alors noué une relation privilégiée avec l'Algérien Said Arif, né en 1965 à Oran. Cet ancien lieutenant de l'armée algérienne, qui a déserté, a échappé aux polices française et allemande. ALERTE À HEATHROW EN 2003Avec d'autres islamistes radicaux, celui-ci projette des attentats en France. Un lot de missiles SAM 18 Igla, nombreux à circuler sur le marché noir depuis la chute de l'URSS, est acheté par l'entremise de la mafia tchétchène, puis vraisemblablement envoyé en Europe via la Géorgie et la Turquie. Le groupe hésite entre différentes cibles, comme l'ambassade de Russie ou des commissariats. A la fin 2002, la DST interpelle le gros de ses membres en banlieue parisienne. Elle retrouve un système de mise à feu, mais aucune trace de missiles.Mais en février 2003, l'aéroport londonien d'Heathrow est placé en alerte rouge, après que les services secrets britannniques ont appris que des islamistes s'apprêtaient à tirer sur un avion à l'atterrissage ou au décollage à l'aide de missiles sol-air "portables", "venus du continent". L'année précédente, Al-Qaida avait utilisé des missiles SAM 7 pour tenter d'abattre un charter israélien à Mombasa (Kenya). Depuis, nul ne sait si les missiles SAM 18 acquis en Tchétchénie ont été détruits, emportés dans un autre pays ou s'ils demeurent cachés en France, en vue d'un attentat.
