Procès Une cour américaine juge recevable une plainte d'obèses contre McDonald's A l'origine de cette première juridique, deux adolescents qui accusent la chaîne de fast-food d'avoir caché la nocivité de ses produits.New York de notre correspondantLa cour d'appel de New York a décidé, mardi 25 janvier, de casser un jugement de première instance considérant comme irrecevable une procédure collective (class action) engagée contre McDonald's, la plus grande chaîne de restauration rapide (fast-food) du monde. Deux adolescents, Ashley Pelman et Jazlen Bradley, réclament des milliards de dollars à McDonald's, accusé d'être responsable de leur obésité. En première instance, en septembre 2003, le juge avait rejeté la plainte, considérant qu'elle n'établissait pas de lien incontestable entre la santé des adolescents et la consommation de produits McDonald's. Mais la cour d'appel a estimé, elle, que selon la loi de l'Etat de New York, cette question doit être tranchée par la procédure et pas a priori.C'est la première fois qu'une procédure engagée contre une chaîne de fast-food pour avoir caché à ses clients les risques pour leur santé est considérée comme recevable. Cette décision "va terroriser McDonald's et toutes les chaînes de restauration rapide", estime John Banzhaf, professeur à la George Washington University, qui participe comme consultant aux poursuites après avoir lancé il y a trente ans les premières procédures contre des cigarettiers. "Nous allons pouvoir obtenir un grand nombre de leurs documents internes comme ceux qui ont permis de casser les reins aux fabricants de cigarettes", a-t-il ajouté.Les deux plaignants affirment avoir mangé trois à cinq fois par semaine pendant quinze ans dans un restaurant McDonald's. Ils accusent la société d'avoir caché les dangers représentés par des produits comme le Big Mac et les Chicken McNuggets à cause de leur teneur en graisse et en cholestérol, notamment lors de campagnes de publicité, en 1987, aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. McDonald's affirme qu'il n'y a aucune preuve que les adolescents aient vu les publicités, que l'un d'entre eux est né en 1988, et qu'elles ne cachaient rien."La question-clé reste celle de la responsabilité individuelle et de la possibilité de faire des choix informés", a déclaré Walt Riket, le porte-parole de MacDonald's. Il a affirmé que la société allait gagner face à une plainte "frivole qui sera à nouveau jugée irrecevable"."Vendre, c'est l'art de faire avaler avec distinction au client ce que vous voulez", aimait à répéter Ray Kroc, fondateur aujourd'hui disparu de la chaîne, qui vend près de 50 millions de repas par jour dans le monde. McDonald's devrait annoncer le 28 janvier, selon les analystes, des profits en hausse à 568 millions de dollars au quatrième trimestre de 2004. Sur cette période, les ventes des restaurants ouverts depuis plus d'un an ont augmenté en moyenne de plus de 5 % grâce à la commercialisation de produits plus chers, notamment de salades qui, selon le PDG Jim Skinner remportent un grand succès auprès des consommateurs soucieux de leur santé. Au printemps 2004, McDonald's a modifié sa stratégie et retiré les menus "super size" (grande taille) de ses 13 000 restaurants américains. Le groupe a également introduit du lait comme alternative aux boissons gazeuses.Wall Street n'a pas semblé, mercredi, très affecté par la décision de la cour d'appel : l'action McDonald's a fini la journée sur une petite hausse de 0,2 %, après avoir gagné 30 % depuis un an.
