Fait divers Une bavure policière ravive les tensions raciales à New YorkSean Bell avait 23 ans. Il devait se marier, samedi 25 novembre, avec Nicole Paultre, 22 ans, la mère de ses deux enfants. A 4 heures du matin, à la sortie du club Kalua, une boîte de strip-tease du Queens où il enterrait sa vie de garçon, le jeune Afro-Américain a été tué, et deux de ses amis, Joseph Guzman, 31 ans, et Trent Benefield, 23 ans, ont été blessés sous un déluge de feu tiré par cinq agents en civil de la police de New York. Ces derniers auraient utilisé plus de cinquante balles. Sean Bell et ses amis n'étaient pas armés. Les policiers ont été suspendus.Selon le chef de la police de New York, Raymond Kelly, les agents surveillaient la boîte de nuit, où la violence est fréquente. Sean Bell aurait quitté la boîte avec huit personnes qui ont eu une altercation. Un agent affirme avoir entendu M. Bell proférer des menaces et Joseph Guzman déclarer "Vas-y, prends mon pistolet, prends mon pistolet". Sean Bell et trois autres hommes sont montés dans une voiture. Au moment où elle a démarré, un policier s'est placé devant, son badge autour du cou, et a sorti son arme. Une camionnette banalisée s'est mise en travers de leur chemin. La voiture de M. Bell aurait foncé sur le policier et la camionnette.L'agent en civil devant la voiture a ouvert le feu le premier, criant "il est armé, il est armé". Une version contredite, dans le Daily News, par Trini Wright, danseuse au Kalua Club, qui a vu "la camionnette percuter leur voiture et les policiers ouvrir le feu. Aucun stop, aucun ordre, rien".Sean Bell a été touché de deux balles, Joseph Guzman par onze projectiles et Trent Benefield atteint trois fois aux jambes.La colère monte dans la communauté noire. Dimanche, une manifestation a réuni des centaines de personnes devant l'hôpital où sont soignés MM. Guzman et Benefield. Un conseiller municipal, Charles Barron, a promis "une explosion dans la communauté. Chacun de ces agents doit être en prison jusqu'à la fin de ses jours". Le révérend Al Sharpton, membre éminent du mouvement de défense des droits civiques, a affirmé qu'"il n'est pas possible que nous laissions ce genre de choses se produire"."UNE ENQUÊTE IMPARTIALE"Des manifestants ont fait le parallèle avec la mort en 1999 d'Amadou Diallo, un Guinéen abattu de 19 balles alors qu'il était désarmé. Les quatre agents impliqués avaient été acquittés. Ils étaient tous blancs. Ce n'était pas le cas samedi. Le policier ayant ouvert le feu le premier est un noir d'origine hispanique et deux agents ayant participé à la fusillade sont afro-américains.La crainte du retour de tensions raciales à New York est grande. Le maire, Michael Bloomberg, a réuni lundi des élus du Queens, le chef de la police et des dirigeants de la communauté noire. Il a jugé la bavure "inacceptable" et a promis "une enquête impartiale".
