Catastrophe Un très puissant séisme fait des centaines de morts en Indonésie Un violent séisme a fait des centaines, peut-être des milliers de morts, dans la nuit du lundi 28 à mardi 29 mars en Indonésie, provoquant une panique au tsunami dans l'océan Indien. Trois mois après la catastrophe qui avait fait plus de 270 000 morts ou disparus dans la région le 26 décembre 2004, une secousse de 8,7 sur l'échelle ouverte de Richter a de nouveau touché le nord-ouest de l'Indonésie. Elle s'est produite peu après 23 heures (18 heures à Paris) près de Nias, une île de plus de 500 000 habitants, dans la même zone que celle du lendemain de Noël. "Il y a peut-être un ou deux milliers de personnes qui sont mortes selon les premières informations en provenance" de Nias, à l'ouest de Sumatra, a déclaré le vice-président indonésien, Yusuf Kalla, lors d'un entretien mardi à la BBC. Le centre de coordination des secours a déclaré que la mort de 300 personnes au moins avait été confirmée. PAS DE TSUNAMI, MAIS UNE VAGUE DE TROIS MÈTRES Trois Français en vacances à Nias sont portés disparus, a annoncé le Quai d'Orsay. "Nous sommes sans nouvelle de trois compatriotes, touristes surfeurs, dont la présence sur l'île nous a été signalée", a déclaré Jean-Baptiste Mattei, porte-parole du ministère des affaires étrangères, lors d'un point de presse. Le ministère a été alerté par la famille d'un des surfeurs. Une vague haute de trois mètres a causé d'importantes destructions à l'île indonésienne de Simeulue, une autre île au nord de Nias, selon un haut responsable militaire. Le nouveau séisme a entraîné des alertes au tsunami dans plusieurs pays de l'océan Indien. Les radios, les télévisions, la police et des cloches ont averti les habitants du risque, et des centaines de milliers de gens paniqués se sont précipités hors de chez eux pour gagner des hauteurs le long du littoral. Mais la crainte de vagues géantes ne s'est pas concrétisée et les alertes ont été successivement levées en Indonésie et en Thaïlande, puis au Sri Lanka, en Inde et en Australie. "Des tsunamis ont été enregistrés en raison du séisme, mais apparemment ils n'étaient pas destructeurs", a dit Laura Kong, directrice du centre international d'information sur les tsunamis de Hawaii. Le risque d'un "important tsunami devrait être écarté dorénavant", a-t-elle ajouté. Mais si la région a été épargnée, l'Indonésie a vécu une nouvelle catatrophe. Le président, Susilo Bambang Yudhoyono, a reporté une importante visite en Australie et devait se rendre mardi ou mercredi dans les zones touchées, a déclaré un porte-parole de la présidence indonésienne. Au moins 80 % des immeubles de la ville principale de Nias, Gunung Sitoli, ont été détruits, piégeant des milliers de personnes sous les décombres, a déclaré un responsable local. UN DES CINQ SÉISMES LES PLUS PUISSANTS De nombreuses victimes n'ont pas pu recevoir des soins en raison des coupures de courant qui ont paralysé le principal hôpital alors que des médecins et infirmières avaient fui avec les habitants, a ajouté Agus Mendrofa, responsable adjoint du district de Nias. Le séisme est "l'un des quatre ou cinq plus puissants séismes de ces 100 dernières années", a indiqué un sismologue de l'agence géologique américaine (USGS), Kerry Sieh. Avec plus de 220 000 morts ou disparus, l'Indonésie avait déjà payé le plus lourd tribut au raz de marée du 26 décembre qui avait fait plus de 273 000 victimes dans onze pays de l'océan Indien. Jan Egeland, secrétaire général adjoint de l'ONU, chargé des opérations humanitaires, a indiqué à la presse que des hélicoptères seront envoyés sur les lieux de la nouvelle catastrophe "dès que possible" afin d'évaluer les dégâts. "Mon impression est que le système a bien mieux marché cette fois-ci. Car il y avait de la vigilance. Nous avions non seulement une surveillance et une information donnée aux pays, mais nous avons également vu les gouvernements avertir directement les autorités locales", a-t-il dit. Le Japon a lancé une alerte au tsunami auprès de six pays après le tremblement de terre et les services météo indonésiens ont faxé des messages à la presse de leur pays. Mais un responsable a reconnu que la secousse avait été le seul avertissement pour beaucoup d'habitants. Dans la région, elle a suscité des alertes au tsunami dans plusieurs pays (Thaïlande, Inde, Indonésie, Malaisie, Sri Lanka, Madagascar et Maurice), provoquant des coupures de courant et une panique monstre parmi des centaines de milliers de riverains de l'océan Indien. LA MER A AVANCÉ DE TRENTE MÈTRES "J'ai très peur, quand le tremblement de terre a eu lieu, j'étais en train de lire un livre. Je me suis précipitée hors de la maison. Moi et mes amis, on a tous couru vers la mosquée de l'université", a témoigné Rabhiah, étudiante de 20 ans, à Aceh. Les mosquées ont compté parmi les rares bâtiments encore debout après le raz de marée du 26 décembre. Selon un témoin sur Nias, la mer a avancé de trente mètres à l'intérieur des terres après la secoussse. Dans le nord-ouest du Sri Lanka, des gens se sont précipités vers les temples et églises pour sonner les cloches et alerter la population. En Thaïlande, des vacanciers ont fui leurs hôtels après des flashs à la télévision. Des centaines de gens avec leurs enfants encore en pyjamas se sont réfugiés dans la mairie de l'île de Phuket. Avec AFP