Annonce Un populiste de gauche pour la Slovaquie Le parti de Robert Fico sort vainqueur des législatives et met fin à huit ans de libéralisme dur. L'ambitieux Robert Fico, 41 ans, leader de l'opposition de gauche Smer, tient sa revanche sur le réformateur de l'économie slovaque Mikulas Dzurinda, au pouvoir depuis huit ans. Avec 29,9 % des voix, Smer devient la première force politique et son leader, souvent taxé de populisme par ses adversaires, espère pouvoir former «une coalition gouvernementale qui fera passer un programme de gauche», à rebours du libéralisme dur de l'équipe sortante. «Il est parvenu à tirer profit de l'impopularité d'une partie de ces réformes et de la frustration des laissés-pour-compte de l'exceptionnelle croissance économique de la Slovaquie», note le politologue Roman Joch. Conscient qu'il lui faudrait compter sur d'autres partis pour former un gouvernement, Fico a édulcoré son discours en fin de campagne. A quelques jours du scrutin, il n'était plus question d'«annulation des réformes» mais de «politique de centre gauche pour réduire les inégalités». Jeune juriste ambitieux, Robert Fico a adhéré au parti unique avant 1989 et la «révolution de velours», puis est devenu, en 1992, député du Parti de la gauche démocratique, issu de l'ex-PC en Slovaquie. En 1994, un an après la partition de la Tchécoslovaquie, il reste ambigu vis-à-vis du démagogue populiste Vladimir Meciar, qui entraîne le pays vers l'autoritarisme, déclarant que «ça valait le coup de voir la fin de la démocratie». Parti représenter la Slovaquie à la Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg, Fico, pense revenir en 1998 à Bratislava, où son parti entre dans la première coalition gouvernementale de Mikulas Dzurinda, mais aucun portefeuille ne lui est confié. De dépit, il décide de créer son nouveau parti, Smer («direction»), d'orientation sociale-démocrate. En 2002, donné gagnant par les sondages, Smer n'est arrivé que troisième. Cette fois, c'est enfin la victoire, même s'il n'est pas certain qu'il parvienne à trouver une majorité.