Annonce Un parlementaire démocrate demande pour la première fois un retrait "immédiat" d'Irak John Murtha, un parlementaire démocrate américain, a présenté, jeudi 17 novembre, la première proposition officielle de retrait "immédiat" des troupes américaines d'Irak, parce que "les Etats-Unis ne peuvent plus rien accomplir militairement" dans ce pays. Responsable du budget de la défense à la Chambre des représentants, mais aussi ancien combattant au Vietnam, M. Murtha a déclaré: "Je crois qu'avant les élections irakiennes prévues à la mi-décembre, le peuple irakien et le prochain gouvernement doivent être avertis que les Etats-Unis vont immédiatement se redéployer." Sa proposition de résolution, rapidement dénoncée par la majorité républicaine, vise à déclarer que "le déploiement des forces américaines en Irak est (...) terminé, sur ordre du Congrès". Elle prévoit le positionnement d'une force de réaction rapide dans la région et exige que Washington poursuive ses efforts pour la sécurité et la stabilité de l'Irak "par la diplomatie". Six tués et 40 blessés dans un double attentat-suicide à Bagdad Six civils, dont une femme et deux enfants, ont été tués et quarante personnes blessées, vendredi 18 novembre au matin, dans un double attentat-suicide à la voiture piégée dans le sud de Bagdad, à proximité de l'hôtel Hamra et du centre de détention de Jadriyah, selon le ministère de l'intérieur. Les puissantes explosions ont secoué la capitale irakienne, et se sont signalées au loin par un haut nuage de fumée. Selon cette source, le bilan risque d'être plus lourd car plusieurs habitations, dont un immeuble de deux étages, se sont partiellement effondrées sur les habitants."Des gens sont ensevelis sous les décombres et les équipes de secours s'activent à les dégager", a-t-il dit. Les premières informations ne permettent pas de déterminer clairement si l'objectif était le centre de détention ou l'hôtel, l'un et l'autre étant très proches. Selon une source au ministère de l'intérieur, l'attentat a visé le centre de détention que les deux voitures – dont une camionnette – ont tenté d'atteindre en passant par une ruelle longeant l'arrière de l'hôtel. Les explosions ont endommagé l'hôtel Hamra qui a eu des vitres et des faux plafonds détruits, selon un employé. Le centre de détention de Jadriyah appartenant au ministère de l'intérieur, est au centre d'un scandale depuis que, dimanche dernier, l'armée américaine y a découvert des prisonniers maltraités et, pour certains, torturés. [-] fermer Dans un communiqué, la Maison Blanche a jugé "déconcertant" qu'un ancien combattant et un homme politique "respecté" "endosse les positions politiques de Michael Moore et de l'aile d'extrême gauche du parti démocrate". "A la veille d'une élection démocratique historique en Irak, ce n'est pas le moment de se soumettre aux terroristes", poursuit la Maison Blanche qui se dit "déconcertée" car "nulle part, (M. Murtha) explique en quoi un retrait d'Irak rendrait l'Amérique plus sûre". UNE PROPOSITION "RÉPRÉHENSIBLE ET IRRESPONSABLE" La proposition de John Murtha est la plus vigoureuse venue du Congrès jusqu'à présent pour demander un terme à la guerre en Irak, de plus en plus impopulaire. Jusqu'à présent, plusieurs élus avaient demandé un retrait progressif des troupes, pour certains avec un échéancier. Mardi, le Sénat a solennellement affirmé que "2006 doit être une année de transition, significative vers la pleine souveraineté irakienne". La déclaration du Sénat, adoptée par 79 voix contre 19 avec le soutien de l'état-major républicain, excluait toutefois tout calendrier de retrait. Ces initiatives interviennent alors que le bien-fondé de la guerre en Irak est de plus en plus mis en doute : 60 % des personnes interrogées estiment qu'elle n'était pas justifiée, selon un sondage publié, mardi, par CNN et USA Today. M. Murtha, la voix par moment coupée par l'émotion en évoquant les souffrances des combattants américains, a expliqué : "j'ai conclu que la présence de troupes américaines en Irak empêche de progresser" dans ce pays, "elles sont les premières cibles de l'insurrection, (...) et nous sommes devenus un catalyseur de violence". "Nos militaires ont accompli leur mission et rempli leur devoir. Ils ont capturé Saddam Hussein, capturé ou tué ses plus proches collaborateurs, mais la guerre continue à s'intensifier", a encore souligné M. Murtha, qui évalue à six mois le délai qui serait nécessaire pour ramener toutes les troupes américaines aux Etats-Unis. Une dizaine de républicains de la Chambre des représentants ont rapidement dénoncé la proposition "répréhensible et irresponsable" avancée par M. Murtha, parlementaire chevronné et respecté, ancien marine engagé durant la guerre de Corée. "Je respecte John Murtha, c'est un ami, mais il se trompe", a déclaré le président de la commission de la défense, Duncan Hunter. Le président de la Chambre, Dennis Hastert, "attristé" par la proposition de retrait immédiat, y voit le signe que l'opposition démocrate "préférerait que les Etats-Unis se rendent devant les terroristes prêts à faire du mal aux Américains innocents".