Annonce Un nationaliste hindou interdit d'entrée aux Etats-UnisNarendra Modi, Premier ministre du Gujarat, est accusé d'avoir encouragé les pogroms antimusulmans en 2002.Une fois n'est pas coutume, les Etats-Unis se soucient des droits de l'homme. Vendredi, Washington a en effet refusé un visa diplomatique à Narendra Modi, le chef du gouvernement régional de l'Etat du Gujarat, en Inde, pour non-respect des libertés religieuses. Figure du parti nationaliste hindou BJP, l'homme incarne la branche la plus radicale de l'extrémisme hindou, et s'était illustré en fermant les yeux sur les pogroms antimusulmans qui avaient fait plus de 2 000 morts dans son Etat, il y a trois ans. Bien qu'il démente toute implication, on sait aujourd'hui qu'il avait personnellement ordonné à la police de ne pas intervenir contre les émeutiers hindous. il avait ensuite multiplié les diatribes à l'égard de la minorité musulmane pour capitaliser sur les tensions religieuses et se faire réélire, avec succès, quelques mois plus tard.Alerté par plusieurs associations indoaméricaines, le département d'Etat a donc refusé le visa diplomatique que Narendra Modi demandait pour une visite de cinq jours à compter d'hier. Officiellement, le refus tient au fait que la visite n'avait rien de diplomatique, le programme de Modi ne comptant que des rencontres avec la diaspora indienne. Mais dans le même temps, Washington a aussi annulé le visa «touriste-business» qu'il possédait déjà, pourtant valable jusqu'en 2008... au motif que la loi sur l'immigration prévoit la possibilité de refuser des visas à tous ceux qui se sont rendus coupables de «violations particulièrement graves des libertés religieuses».Humilié et furieux, Narendra Modi a immédiatement dénoncé une «insulte à l'Inde» et réclamé l'intervention du gouvernement fédéral, dirigé par le parti du Congrès, l'ennemi juré du BJP. Mais aussi critiquable soit-il, Narendra Modi n'en reste pas moins un dirigeant démocratiquement élu d'un Etat de plus de 50 millions d'habitants. New Delhi a donc demandé à Washington de revoir sa décision, jugée «discourtoise». Le département d'Etat a réagi en expliquant que la décision avait été prise sur la base des conclusions d'une institution indienne : la Commission nationale des droits de l'homme, qui avait pointé les responsabilités de Modi dans les événements de 2002.
