Lancement Un microsatellite pour prévenir les séismes Demeter a été mis en orbite mardi matin par une fusée russo-ukrainienne. Sa mission : étudier les perturbations électromagnétiques liées aux séismes. C'est mardi, à 8h30 heure française, qu'un Dnepr, un ancien missile russe reconverti en lanceur, s'est arraché de son silo à Baïkonour, au Kazakhstan, emportant Demeter dans l'ionosphère, une zone située entre 60 et 1.000 kilomètres d'altitude. Il a été mis en orbite peu après. Comme son nom l'indique (1), ce microsatellite a pour mission d'étudier les perturbations électromagnétiques associées aux séismes et aux éruptions volcaniques.Ces perturbations, indique le Centre national d'études spatiales (CNES), "se propagent dans l'atmosphère et jusqu'à l'ionosphère", "la partie supérieure de la haute atmosphère d'une planète". En mai 1960, au Chili, de telles émissions ont ainsi été détectées six jours avant un tremblement de terre dévastateur, d'une magnitude de 8,3 sur l'échelle ouverte de Richter. 400 séismesReste qu'elles n'ont jamais fait l'objet d'une "étude systématique utilisant des moyens spatiaux", indique le Centre national d'études spatiales (CNES). "Or, si ces perturbations sont effectivement réelles et systématiques, elles pourraient (…) servir de précurseur" aux séismes, précise l'agence spatiale française. D'où la mission "confiée" à Demeter : à défaut de prévoir le lieu, la date et l'intensité d'un séisme — ce est qui impossible actuellement — il étudiera les perturbations électromagnétiques qui y sont associées. Grâce à son orbite polaire et héliosynchrone (c'est-à-dire qui "colle" à l'ensoleillement terrestre), le satellite de poche pourra "assurer une couverture rapide et systématique de la quasi-totalité des régions sismiques du globe", affirme le CNES. Pendant ses deux ans de vie, il "devrait survoler 400 séismes de magnitude supérieure à 5". Effet de serreDeuxième objectif de la mission : étudier l'impact des activités humaines sur l'atmosphère et l'environnement terrestre. Les ondes émises par les lignes électriques hautes tensions, celles utilisées pour les télécommunications et la radionavigation précipitent dans l'atmosphère les particules situées dans les ceintures de radiations autour de la Terre. Conséquences : des orages plus nombreux et plus intenses, eux-mêmes à l'origine d'une "plus forte production de gaz à effet de serre" et donc du réchauffement de la planète.Une grande mission pour un petit engin : Demeter ne mesure que 80 cm de haut pour 130 kilos — contre 3 tonnes pour Spot 5. Il s'agit du "premier né de la filière de microsatellites Myriade développé par le CNES", explique l'agence. Objectif de ces "poids plume" : "réaliser des missions scientifiques à moindre coût". Celle-ci est menée en partenariat avec le CNRS.Eau, radon et animauxChaque année, les sismographes enregistrent entre 500.000 et un million de secousses, d'intensité et de durée très variables. Des tremblements dus à la tectonique des plaques, ce déplacement des plaques qui constituent l'écorce terrestre. Certains phénomènes peuvent être observés à la veille d'un séisme : variations du champ magnétique, du débit et des niveaux de sources d'eau, des émanations de radon, un gaz radioactif contenu dans le sol en faible quantité, mais aussi comportement inhabituel de certains animaux.
