Scandale Un membre de la mission Empereur, jugé mardi à Alexandrie pour "trafic d'antiquités", a été libéré sous caution. Son procès a été reporté au 22 mai. Le Français risque jusqu'à quinze ans de prison. Le tribunal pénal d'Alexandrie a ordonné la libération provisoire de Stéphane Rousseau, accusé "d'appropriation, dissimulation, possession et trafic d'antiquités". Son procès a été renvoyé au 22 mai, comme le demandait son avocate, Me Samira Soufiane. Une caution de 5.000 livres égyptiennes a été réclamée par le tribunal qui a également exigé, et obtenu, la garantie du consulat de France à Alexandrie pour que le Français ne quitte pas l'Egypte avant d'avoir été jugé. Il encourt de trois à quinze ans d'emprisonnement car, circonstance aggravante, "il se serait procuré ces objets sur son lieu de travail dans le cadre d'une mission officielle". L'accusé sera jugé ultérieurement pour détention d'armes, à la suite de la découverte dans ses bagages d'une baïonnette de la seconde guerre mondiale. Stéphane Rousseau, âgé de 43 ans, était dessinateur au sein de l'équipe de l'archéologue Jean-Yves Empereur, qui mène notamment des fouilles sous-marines autour des restes du célèbre Phare d'Alexandrie. Il a été interpellé à l'aéroport d'Alexandrie le 2 août dernier, alors qu'il regagnait la France. Me Soufiane précise que "les douaniers ont découvert divers objets dans [ses] bagages dont 158 pièces de monnaies et quelques statuettes supposées anciennes". L'avocate s'insurge "qu'aucune expertise scientifique n'a été faite" sur ces objets. Lesquels, selon l'accusé, sont "de simples copies provenant du marché El-Goma d'Alexandrie". De plus, ajoute l'avocate, les 5 oushebtis, des statuettes que l'on plaçait durant l'antiquité dans les tombes, "ne sont pas de la même période que les sites fouillés par l'équipe de Empereur". "Cette affaire s'est déroulée dans un contexte particulier. On venait, à l'été 2003, d'arrêter un réseau international de trafiquants, comprenant des agents du Conseil général des Antiquités", explique-t-elle, en affirmant que son client "était au mauvais endroit, au mauvais moment". Une question de bon sens Interrogé par tf1.fr, François Tonic, historien de formation et journaliste spécialisé dans l'Egypte antique, exprime toutefois son étonnement sur le fond de l'affaire. "Tous les membres des missions archéologiques en Egypte savent ou sont censés savoir qu'il leur est, bien sûr, interdit de voler des antiquités mais aussi d'en acheter", indique-t-il. Au ministère des Affaires étrangères, on indique "ne pas vouloir charger la barque" mais "ce que l'on reproche à M. Rousseau tombe sous le sens". Après son arrestation, Jean-Yves Empereur et l'ambassadeur de France ont été reçus au plus haut niveau par les autorités égyptiennes (1) : "Nous étions très inquiets, précise à tf1.fr une source du ministère, mais heureusement, toute ambiguïté entre le comportement condamnable d'un individu et la mission archéologique française a été rapidement levée". Le malaise reste toutefois diffus et nul doute que le procès sera suivi avec attention par les égyptologues français. (1) tf1.fr a tenté de joindre Jean-Yves Empereur mais ce dernier était en déplacement.