Scandale Un médecin espagnol propageait l'hépatite CUn anesthésiste est jugé à Valence pour avoir contaminé au moins 276 personnes.Avec l'ouverture, hier matin à Valence, du procès du chirurgien-anesthésiste Juan Maeso, c'est l'un des pires scandales sanitaires de ces dernières années en Espagne qui revient sous les feux de l'actualité. Agé de 63 ans, cet anesthésiste en chef du service de réanimation de l'hôpital de la Fe, à Valence, est accusé d'avoir transmis l'hépatite C à pas moins de 276 patients, dont au moins 3 en seraient morts à ce jour. Les autorités régionales ont aménagé spécialement une vaste salle du palais de justice pour héberger ce mégaprocès, qui a lieu après sept ans d'enquête judiciaire et compte 600 témoins et 171 avocats. L'accusation a requis 2 214 années de prison pour Maeso et 28,8 millions d'euros d'indemnités pour les victimes. La défense plaide l'innocence.C'est en avril 1998 que l'affaire éclate au grand jour. Depuis un an, les autorités de Valence s'interrogeaient sur l'avalanche de cas d'hépatite C (maladie transmissible par voie sanguine) observés à l'hôpital de la Fe et dans trois autres centres de santé de la ville. A leur stupéfaction, elles constatent que le type de virus dont est porteur Juan Maeso coïncide avec celui des personnes contaminées. Le suspect est alors suspendu de ses fonctions, avant de perdre son salaire, deux ans plus tard. D'après les enquêteurs, Maeso, contaminé par l'hépatite C, était toxicomane. Pendant dix ans, à partir de 1988, il aurait administré des produits anesthésiques à des dizaines de patients, à l'aide de seringues préalablement utilisées pour s'injecter de la drogue.Juan Maeso, décrit comme une personne solitaire et introvertie, nie être toxicomane et affirme n'avoir su qu'il était atteint d'hépatite C qu'en 1998, ce qui, selon son avocat, montre que son client «n'avait pas de mauvaises intentions». Hier matin, revenant sur des déclarations antérieures, l'accusé a mis en doute le fait d'être contaminé par l'hépatite C, ajoutant : «Si c'est le cas, c'est la faute d'un de mes malades.» Ce n'est pas l'avis de l'accusation, persuadée que Maeso savait dès 1993 qu'il était porteur du virus. Le procès devrait durer au minimum un an pour permettre l'audition des témoins, pour l'essentiel des experts et les victimes.
