Procès Un mafieux russe sort libre de son procès pour double meurtreNon coupable" , les jurés ont tranché à l'unanimité. Quelques doutes sur le verdict ? La loi du silence semble avoir une nouvelle fois triomphé. Viatcheslav Ivankov, figure mythique de la mafia russe, dit "Iapontchik" (le petit Japonais), en raison de ses yeux bridés et de sa passion pour l'art martial du jiu-jitsu, est sorti libre, lundi 18 juillet, de la cour d'assises de Moscou. Il y était jugé depuis le début du mois, pour un double meurtre qui remonte au 29 février 1992.Une libération dont même la télévision russe rendra compte, tant le "petit Japonais" est un "personnage" connu à Moscou. Il a créé, dès 1980, sa propre bande, l'organisation criminelle de Solntsev, qui s'étendrait jusqu'à Vladivostok. Drogue, armes : ses activités sont marquées par une extrême violence, qui lui vaudra d'être condamné en 1982 à quatorze ans de prison, entre autres, pour actes de torture.Toujours est-il que le 29 février 1992, "Iapontchik" s'était rendu dans un restaurant de l'avenue Riazan à Moscou, le Fidan. Peu habitué à ne pas être pris en considération, est-il devenu furieux en constatant que le préposé au vestiaire du restaurant le faisait attendre pour prendre les manteaux de deux clients turcs arrivés avant lui ? C'est ce que dira l'accusation. Dans un mouvement de colère, "Iapontchik" aurait sorti son pistolet et tiré sur eux. Les deux clients se sont effondrés, morts sur le coup.EXTRADÉ À LA DEMANDE DE MOSCOUAprès cet incident, le "petit Japonais" avait alors fui la justice, s'installant à New York, où il fera son chemin dans la pègre, régnant sur Little Odessa, le quartier russe de Brooklyn. Les services secrets américains le soupçonneront même d'avoir voulu y fédérer toutes les branches de la mafia russe en Amérique. Il sera finalement arrêté en 1995 pour extorsion de fonds et, après avoir passé neuf ans en prison, sera extradé vers la Russie, à la demande de Moscou, le 11 juillet 2004.Dès son retour au pays, la presse moscovite a commencé à douter qu'un jour M. Ivankov soit condamné. "Il y a une chance sur mille pour que quelqu'un se risque à témoigner contre lui", relevait alors le journal Gazeta.ru. De fait, l'influence du "petit Japonais" est telle que des personnalités russes dont un chanteur populaire n'avaient pas hésité, lors de l'une de ses précédentes incarcérations dans les années 1990, à faire une campagne en faveur de sa libération.Lors du procès sur le double meurtre de 1992, Andreï Ozenov, ancien policier et principal témoin de l'accusation, se rétractera. Il affirmera devant le jury, non seulement ne pas connaître Viatcheslav Ivankov, mais aussi qu'il n'est pas l'homme qui a tiré dans le restaurant. Deux autres témoins, un serveur et le responsable du vestiaire, vont, eux aussi, se rétracter. A 65 ans, Viatcheslav Ivankov a passé la moitié de sa vie derrière les barreaux. Enfin libre ?Le parquet de Moscou ne semble pas vouloir se faire à cette idée : il a annoncé qu'il ferait appel. En effet, le procureur a accusé, mardi 19 juillet, le jury de partialité. Selon lui, des pièces cruciales de l'enquête auraient été retirées de la liste des preuves à charge. "Iapontchik" est libre, mais, si l'on en croit les déclarations d'un responsable du ministère de l'intérieur à Gazeta.ru : "La durée de sa vie pourrait se compter en minutes. Ceux qui ont des comptes à lui demander sont extrêmement nombreux."
