Assassinat Un journaliste suédois tué à bout portant à Mogadiscio C'est une esplanade herbeuse, entourée de gradins au bord de l'effondrement, où les joueurs de football, au fil des années de guerre, ont cédé la place à des miliciens qui tapent vaguement dans un ballon pour se souvenir qu'à l'origine Fagaraha Tarabunka était un stade. Depuis l'avènement des Tribunaux islamiques à Mogadiscio, début juin, les manifestations "spontanées" de leurs partisans ont lieu dans cette enceinte. 3 000 personnes s'y sont réunies, vendredi 23 juin, pour soutenir l'accord signé la veille au Soudan entre des responsables des tribunaux islamiques et le gouvernement de transition somalien. Martin Adler, cameraman, photographe et reporter suédois, couvrait l'événement. Au coeur de la manifestation, un homme a tiré un coup de feu à bout portant sur le journaliste âgé de 47 ans. Quelques secondes plus tôt, une photo le montrait, détendu, souriant à l'objectif au milieu de la foule. La manifestation n'était pas violente, même si une partie des participants s'en est prise, thème récurrent au sein des milieux proches des Tribunaux islamiques, à l'idée d'une intervention de maintien de la paix "étrangère". Le coup de feu a déclenché un mouvement de panique dans la foule, permettant au meurtrier de s'enfuir sans être identifié. Martin Adler travaillait en free- lance avec une autre personne, prévoyant de vendre des sujets au quotidien suédois Aftonbladet et à la chaîne de télévision britannique Channel 4, avec laquelle il collaborait régulièrement depuis plus d'une décennie sur de nombreux théâtres de conflit. La mort du journaliste en Somalie ne doit, selon toute vraisemblance, rien à une maladresse, un accident ou au geste d'un déséquilibré. Plusieurs meurtres, dans le passé, ont été commis de manière comparable, comme le dernier en date, celui de la productrice de la BBC, Kate Peyton, en 2005. Le "message" plus ou moins clair d'un tel assassinat pouvant servir des groupes très différents, il est impossible de soupçonner, a priori, l'une ou l'autre des parties somaliennes de l'avoir organisé.