Attentat Un islamiste présumé a tué un juge du Conseil d'Etat à AnkaraUn homme armé a ouvert le feu, mercredi 17 mai, sur des juges au Conseil d'Etat à Ankara, tuant un juge et en blessant quatre autres. L'assaillant est un avocat d'Istanbul, Alpaslan Aslan, âgé de 29 ans. Selon la vice-présidente du Conseil d'Etat, Tansel Cijlasan, l'homme aurait crié "nous sommes les émissaires, les soldats de Dieu" avant de tirer sur les juges de la 2e chambre de la plus haute juridiction administrative du pays.Cette chambre est renommée pour sa défense rigoureuse des principes laïques. Elle a notamment signé des décisions confirmant l'interdiction du port du voile islamique dans les établissements de la fonction publique et les universités du pays. L'an dernier, la directrice d'une école maternelle d'Ankara s'était ainsi vu interdire le port du voile à l'intérieur comme à l'extérieur du bâtiment. Le journal islamiste Vakit avait à l'occasion publié les photos des juges membres de cette chambre, devenus ainsi la cible des milieux islamistes.Pour Mme Cijlasan, les liens entre cette attaque et les verdicts pro-laïques de l'institution ne laissent aucun doute. "Le motif, c'est la décision au sujet du foulard", a estimé la vice-présidente. L'auteur des tirs, maîtrisé sur place, a été interrogé par la police antiterroriste. Aucune déclaration officielle n'a été faite concernant ses motifs mais la piste islamiste semblait la plus plausible.UNE "DÉRIVE DANGEREUSE"L'attaque a été condamnée par l'ensemble de la classe politique turque. Deniz Baykal, chef de l'opposition social-démocrate au Parlement, a affirmé que les fondements laïques de la Turquie étaient visés. "Ce ne sont pas seulement les juges qui ont été la cible d'une attaque, mais aussi la Constitution", a-t-il déclaré. "La Turquie dérive vers un point extrêmement dangereux", a-t-il ajouté, en allusion à ce que l'opposition perçoit comme une islamisation du pays favorisée par l'AKP, le Parti de la justice et du développement issu de la mouvance islamiste, au pouvoir depuis 2002.Le premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a rejeté tout lien entre cette attaque et la politique de son gouvernement islamo-conservateur. Lors de sa campagne électorale il avait promis de lever l'interdiction du port du voile. Cette promesse n'avait pas été tenue en raison de l'opposition farouche de la hiérarchie pro-laïque.
