Statistique Un demi-million de «sans-logement» en Grande-Bretagne Dans le Royaume-Uni de la prospérité et du quasi-plein emploi, 100 810 familles subsistent, aujourd'hui, sans domicile fixe. 99 380 en septembre dernier, les foyers précaires, au-delà maintenant du cap des 100 000, révèlent une dégradation de 135% depuis 1997, lors de l'arrivée du New Labour au pouvoir. Encore ne s'agit-il là que des statistiques officielles. Avec les oubliés de la croissance réduits à la pratique du «squat» ou vivant au petit bonheur – 380 000 personnes au total –, le nombre des sans-logis culmine à plus de 500 000, soutient Shaks Ghosh, responsable de l'organisation caritative «Crisis». Pour Brian Douglas, de «Shelter», qui s'occupe des défavorisés sans logement, ces chiffres constituent «un scandale» et «un réquisitoire accablant» contre le quatrième pays le plus riche des grandes nations. Insatisfaisant, assurément, le tableau est moins sombre, toutefois, que les appellations et les statistiques peuvent le laisser croire. «SDF» ou «sans logement», le laissé-pour-compte de l'expansion n'est pas abandonné à son triste sort, en effet. S'il est ainsi étiqueté, ce n'est pas faute de toit mais parce qu'il ne dispose pas, sur le long terme, d'un logement personnel. En fait, 84% des sans-logis vivent dans de petits hôtels, des «bed and breakfast» ou des résidences temporaires «de bonne qualité», assure le gouvernement. Le problème ressortit à une crise durable du logement social. «Un million de résidences modestes offertes à l'achat de leurs occupants par les autorités locales» dans les années 80, «ont été retirées du marché», relève John Prescott, le vice-premier ministre en charge du dossier. Mais l'argent ainsi récupéré n'a pas été utilisé «pour construire de nouvelles habitations. J'ai hérité d'un casse-tête et je m'emploie à le résoudre», ajoute-t-il. Et le ministre d'aligner les chiffres. «Depuis sept ans, nous avons réduit de 70% le nombre de ceux vivant dans la rue. Nous avons accru d'un million le nombre des logements décents et nous avons doublé le montant des investissements de l'immobilier social», insiste-t-il. 75 000 logements sociaux devraient être achevés d'ici à trois ans. Et, en janvier, le gouvernement ajoutera 150 millions de livres dans le financement, sur cinq ans, d'un plan de construction de HLM. De simples «mesurettes», selon les organisations caritatives, et dont les effets ne seront pas perceptibles avant 2008. «Le sort des SDF est un vaste problème qui continue de s'aggraver», martèle Shaks Ghosh. Ce sont «des milliards de livres qu'il faut investir», objectent, à l'unisson, les organisations caritatives. D'autant que les objectifs du gouvernement sont plus modestes qu'il ne l'avoue publiquement avec une réduction du nombre des familles «homeless» établie à 30 000, en 2017. Or, si les sans-logement ne sont pas dépourvus de toit, leurs conditions d'existence laissent à désirer. 1 SDF sur 4 au Royaume-Uni est âgé de plus de 50 ans et, dans cette tranche d'âge, plus de 50% souffrent de problèmes physiques et mentaux, remarque Mike McCall, directeur de l'organisation caritative St Mungo.