Condamnation Un chef islamiste indonésien légèrement condamné pour l'attentat de Bali Abou Bakar Bachir, réputé proche d'Al-Qaeda, écope de deux ans et demi de prison pour participation à la conspiration • Les Etats-Unis et l'Australie déçus par la légèreté de la peine • our avoir pris part à la «conspiration» qui a conduit à l'attentat de Bali, le chef religieux indonésien Abou Bakar Bachir a été condamné jeudi à 2 ans et demi de prison ferme. Le 12 octobre 2002, l'attentat avait fait 202 morts, dont 88 Australiens. Les juges ont estimé qu'il n'avait pas organisé l'attaque contre l'hôtel Marriott de Jakarta qui avait fait 12 morts le 5 août 2003. «Allah est le plus grand» ont crié ses partisans, une centaine, massés dans la salle d'audience ou à l'extérieur, à l'énoncé du verdict. De son côté, Abou Bakar Bachir lisait une prière en arabe. Il a ensuite annoncé son intention de faire appel. «Il s'agit clairement d'un acte de tyrannie», a lancé le religieux à la barbe blanche. L'Australie a aussitôt commenté la légèreté de la peine infligée. «Il est décevant que la peine ne soit que de deux ans et demi», a dit le ministre des Affaires étrangères Alexander Downer. Même réaction des États-Unis, «vu la gravité des charges qui lui valent sa condamnation, nous sommes déçus par la durée de la peine», a déclaré à l'AFP Max Kwak, le porte-parole de l'ambassade américaine à Jakarta. Différents experts avaient prédit une peine légère en cas de condamnation. Tout au long du procès, ouvert en octobre 2004, l'avocat général a eu du mal à prouver la participation du religieux aux attentats. Il avait néanmoins requis une peine de huit ans de prison. Abou Bakat Bachir est considéré comme un proche d'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaeda. Soupçonné de diriger le réseau islamiste régional Jamaah Islamiyah (JI), il a été relaxé de cette charge l'année dernière. Le ministère public a donc dû renoncer à sa principale charge, selon laquelle le religieux aurait «planifié» les attentats en tant que chef de la JI. Mais les États-Unis et l'Australie persistent à accuser Bachir de diriger la JI, réputée liée à Al-Qaeda. Les magistrats ont estimé que Bachir était impliqué dans l'attentat de Bali, car en 2002 à Solo, dans le centre de l'île de Java, il avait donné son feu vert tacite à Amrozi et Hutomo Pamungkas, deux des auteurs de l'attaque. «Je vous laisse décider», avait lancé le religieux aux deux hommes alors qu'il savait que Amrozi et ses complices prévoyaient un «programme» à Bali.