Arrestation Un baron de la drogue colombien incarcéré aux Etats-Unis Gilbert Rodriguez Orejuela est soupçonné d'avoir exporté, avec ses associés, environ 30 tonnes de cocaïne de 1982 à 1995, empochant ainsi un milliard de dollars.Gilbert Rodriguez Orejuela, ancien patron du cartel colombien de Cali, a été incarcéré, samedi 4 décembre, à Miami après avoir été extradé par les autorités de Bogota. Le sexagénéraire doit être jugé pour trafic de drogue et blanchiment d'argent. Jamais un narcotrafiquant de son importance n'avait, jusque là, été remis par les autorités colombiennes à la justice des Etats-Unis.Avec son frère, Miguel, actuellement emprisonné en Colombie, il contrôlait quasiment tout le secteur colombien de la cocaïne après le mort de leur rival, Pablo Escobar, abattu par la police en 1993. "A une époque, Gilberto Rodriguez Orejuela et son organisation contrôlaient sans doute 80 % environ de la cocaïne entrant sur le territoire des Etats-Unis, et étaient responsables de meurtres innombrables en Colombie", a déclaré Michael Garcia, fonctionnaire du département de la Sécurité intérieure aux questions d'immigration et douanières.Orejuela est soupçonné d'avoir exporté, avec ses associés, environ 30 tonnes de cocaïne de 1982 à 1995, empochant ainsi un milliard de dollars, selon l'administration américaine de lutte contre la drogue (DEA), qui estime qu'il a continué à diriger ses affaires après son arrestation en 1995, avec l'aide de codétenus et de son neveu.Vendredi soir, des policiers lourdement armés l'ont escorté, menotté et vêtu d'un gilet pare-balles, jusqu'à un aéroport de Bogota, où il a été remis à des officiers de la DEA. Gilberto Rodriguez Orejuela, 65 ans, et son escorte se sont posés samedi matin sur le sol des Etats-Unis en un lieu non spécifié avant que le trafiquant ne soit transféré dans une cellule d'un pénitentier de Miami, a-t-on appris de source judiciaire. Il devrait comparaître pour la première fois, lundi, devant un tribunal fédéral américain. Il est passible de la réclusion criminelle à perpétuité.Son inculpation par la justice américaine découle de l'opération Cornerstone, une enquête fédérale qui a conduit à la saisie de près de 50 tonnes de cocaïne et de 15 millions de dollars américains depuis 1991. Son extradition survient deux semaines après une visite de George Bush en Colombie, qui visait à solidifier l'alliance avec le président Alvaro Uribe contre les "narcoterroristes". Washington a injecté plus de trois milliards de dollars depuis quatre ans dans le Plan Colombie, qui finance notamment la défoliation chimique des champs de coca. Orejuela était l'un des derniers barons de la drogue colombiens. Surnommé le "joueur d'échec" pour son habileté à échapper à la police, il avait connu son apogée dans les années 1980 et au début des années 1990. Au contraire de son rival Pablo Escobar, mort dans une fusillade il y a onze ans, il s'est toujours presenté comme un modeste père de famille répugnant à la violence gratuite, préférant inflitrer progressivement l'administration colombienne en versant de généreux pots-de-vin. Ce qui ne l'a pas empêché de livrer une guerre sanglante au cartel rival de Medellin.Arrêté en 1995, il aurait continué à diriger son empire depuis sa cellule. Grâce à ses relations, il a pu bénéficier d'une remise de peine pour bonne conduite en novembre 2002, après sept ans et trois mois de détention, alors qu'il avait été condamné à 15 ans de prison en 1995. Sa remise en liberté avait alors suscité un scandale en Colombie et le gouvernement s'était engagé à le remettre rapidement derrière les barreaux. Un sénateur colombien a récemment affirmé qu'il négociait depuis sa prison une collaboration avec la justice américaine.Ces derniers jours, il se déclarait, par la voix de son avocat, prêt à payer ses erreurs à condition que la tribu Rodriguez soit épargnée.
