Annonce Un ancien milicien serbe de Bosnie qui aurait fourni des informations permettant l'arrestation de Radovan Karadzic aurait été la cible d'une tentative d'assassinat par la police de Republika Srpska. C'est une histoire bosniaque. Pour les uns, c'est un héros. Pour les autres, un boucher. Quoi qu'il en soit, du côté des Serbes, Milan Lukic n'est pas un inconnu. Inculpé pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre par le TPI en 1998, cet ancien chef de la milice des "Aigles blancs" sévissait dans la municipalité de Visegrad entre 1992 et 1994. Condamné à 20 ans de prison par contumace en 2003 par un tribunal serbe, il est, depuis, en cavale. Pour beaucoup de survivants, Milan Lukic est l'un des tueurs les plus impitoyables de la guerre qui a déchiré la Bosnie.Le 18 avril, un raid de la police de Republika Srpska contre son domicile de Visegrad a conduit à la mort de son frère Novica. Malgré la bavure et le sang versé, la presse a unanimement salué le premier acte volontaire de la police serbe contre les inculpés du TPI. Lui faisant écho, le Haut représentant de la Bosnie-Herzégovine, Lord Paddy Ashdown, a alors loué la "plus sérieuse tentative" des autorités serbes de Bosnie pour "satisfaire à leurs obligations légales".Mais l'objectif de cette opération de police n'était peut-être pas été si vertueux. Selon les informations de l'Institute for War and Peace reporting (IWPR), un média indépendant généralement bien informé, le raid visait tout simplement à réduire au silence un contact des enquêteurs du TPI, qui s'apprêtait à livrer des informations permettant l'arrestation de l'ancien leader des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic.De trafiquant à indicateurSelon l'IWPR, ce n'aurait pas été la première fois que Lukic aurait fourni des informations au tribunal de l'ONU. Un responsable du tribunal de La Haye a reconnu que l'ancien milicien avait déjà, au mois de mars, indiqué aux enquêteurs du tribunal que Karadzic habitait alors à Zaovine, près de son fief de Visegrad, lui fournissant même son adresse. En délicatesse depuis janvier avec la "Preventina", les gardes-du-corps de Karadzic avec lequel il collaborait dans le trafic d'héroïne qui alimente le réseau des fugitifs, Lukic aurait perdu la possibilité de se réfugier à Belgrade, depuis que son cousin Sreten Lukic a été débarqué de son poste de vice-ministre de l'Intérieur par le nouveau gouvernement. Par conséquent, le dernier recours de cet homme traqué aurait alors été de négocier avec le TPI.Mais à l'aube du 18 avril, un corps spécial de la police de Republika Srpska, venu des faubourgs serbes de Sarajevo, de Banja Luka et de Bijeljina, se présentait à la porte du domicile des parents de Milan Lukic à Garcha, exécutant sans sommations son frère Novica tiré du lit, devant sa femme. De l'aveu même du chef de la police serbe, les policiers auraient confondu les deux frères. Or, ce même 18 avril, Milan aurait eu rendez-vous avec un agent du tribunal, afin de lui fournir des documents liant les hommes de Karadzic, le trafic d'héroïne et la police de Republika Srpska. Intercepté par les services de sécurité de Republika Srpska, un appel téléphonique entre l'homme du tribunal et l'ancien milicien fixait le lieu de la rencontre "chez Milan", ce que les policiers serbes auraient alors saisi au bond.Quelques sanctions contre les policiers, une vague promesse d'enquête : la police serbe estime avoir "tout dit" sur le sujet. Le TPI, de son côté, s'inquiète du sort son agent infiltré, dont le nom de code est connu de la police serbe de Bosnie. Pendant ce temps, Milan Lukic se cache toujours, mais cette fois des yeux de tout le monde.
