Annonce un accord de paix en Casamance mettrait fin à un conflit vieux de 22 ans L'accord doit être paraphé par le ministre de l'intérieur, Ousmane Ngom, et l'abbé Diamacoune Senghor lors d'une cérémonie devant le bâtiment de la Gouvernance, symbole de l'Etat sénégalais. Le président Wade, qui "supervisera" l'accord, a souhaité, selon la présidence, une cérémonie "sobre, républicaine et solennelle".La signature, jeudi, d'un accord de paix entre le gouvernement sénégalais et le dirigeant historique indépendantiste casamançais Augustin Diamacoune Senghor devrait mettre symboliquement fin à un conflit vieux de plus de vingt ans, qui a fait des centaines de morts et a durement éprouvé une région à fort potentiel touristique. L'accord, dont le contenu exact n'était pas encore connu mardi 28 décembre, comportera une "renonciation définitive à la lutte armée", a indiqué un représentant de la présidence sénégalaise. Il fait suite à six mois de discussions discrètes et devrait ouvrir la voie, après le dépôt des armes, à des "négociations sérieuses" entre les deux parties, selon la même source. Il permettra aussi, selon les autorités sénégalaises, de déverser sur la Casamance, région agricole enclavée entre la Gambie et la Guinée-Bissau, une manne d'investissements provenant de bailleurs de fonds internationaux.CYCLE QUASI ININTERROMPU DE VIOLENCESLa rencontre entre le vieil abbé Diamacoune et le chef de l'Etat sénégalais, Abdoulaye Wade, à Ziguinchor, chef-lieu de la région, aura une forte charge émotionnelle, survenant à quelques jours d'une des dates anniversaire du soulèvement des populations locales contre le pouvoir central, le 26 décembre 1982.Elle marquera aussi la fin d'un cycle quasi ininterrompu de violences, de cessez-le-feu brièvement respectés puis rompus et interviendra à l'issue de près d'un an de calme relatif, ponctué d'incidents isolés menés par des éléments armés dont il est difficile d'établir s'ils appartiennent au MFDC (Mouvement des forces démocratiques de Casamance, indépendantiste) ou s'ils sont de simples bandits.L'accord doit être paraphé par le ministre de l'intérieur, Ousmane Ngom, et l'abbé Diamacoune Senghor lors d'une cérémonie devant le bâtiment de la Gouvernance, symbole de l'Etat sénégalais. Le président Wade, qui "supervisera" l'accord, a souhaité, selon la présidence, une cérémonie "sobre, républicaine et solennelle".Le 26 décembre 1982, des manifestants avaient tenté d'amener le drapeau sénégalais flottant sur la Gouvernance pour le remplacer par un drapeau blanc. Un an plus tard, le 18 décembre 1983, des affrontements sanglants s'étaient produits entre manifestants et forces de l'ordre lors d'une nouvelle manifestation, faisant 25 morts et entraînant l'arrestation de plus de 260 personnes.FACTIONS RIVALESLe conflit mené par l'aile armée du MFDC, "Atika", la flèche en langue diola, a connu des phases particulièrement sanglantes au début des années 1990 et avait repris en 1997 après une accalmie de 18 mois. En avril 2000, à peine élu, le président Wade avait annoncé son intention d'engager des négociations directes avec le MFDC et un "accord de paix" avait déjà été signé le 16 mars 2001. Mais il avait été suivi d'attaques d'éléments armés et d'opérations d'envergure de l'armée sénégalaise contre des "maquis" basés à la frontière entre le Sénégal et la Guinée-Bissau.Le 4 décembre dernier, l'abbé Diamacoune Senghor avait solennellement invité le président Wade, lors d'une rencontre à la présidence de la République à Dakar, à venir le 30 décembre à Ziguinchor signer un nouvel accord de paix. La rencontre s'était tenue en présence de plusieurs centaines de militants et sympathisants du MFDC, indiquant que l'abbé indépendantiste dispose toujours d'un fort soutien populaire, même si le MFDC est miné par les divisions.Trois mois plus tôt, l'abbé avait ainsi été écarté de la direction du mouvement pour "incapacité objective" par une assemblée générale et remplacé par un de ses rivaux. Le mouvement indépendantiste est divisé en factions rivales - aile intérieure et extérieure, "front nord", "front sud"... - qui ont rendu les discussions avec le pouvoir central bien souvent difficiles.
