Annonce Ukraine: l'ancien ministre de l'Intérieur retrouvé mort Iouri Kravtchenko était un personnage clé dans l'affaire du meurtre, en 2000, du journaliste d'opposition Gueorgui Gongadzé • Dans le cadre de l'enquête, il était convoqué vendredi matin devant le parquet général • Le nouveau président ukrainien Viktor Ioutchenko affirmait mardi que l'«affaire Gongadzé», un journaliste d'opposition assassiné en 2000, avait été élucidée. Mais la découverte vendredi matin du corps sans vie de l'ancien ministre de l'intérieur Iouri Kravtchenko dans sa datcha de la banlieue de Kiev pourrait retarder son dénouement. Selon les enquêteurs du SBU (service de sécurité ukrainiens) dépêchés sur place, la thèse du suicide est privilégiée, en raison de la présence «de nombreux gardiens autour de sa maison». Le corps porte «des traces d'une blessure par balle dans la tempe» et avait un pistolet à la main, a rapporté l'agence Interfax-Ukraine, citant des témoins qui ont examiné le cadavre. L'ex-ministre de l'intérieur était convoqué vendredi matin devant le Parquet général pour témoigner dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Gueorgui Gongadzé. Son corps, décapité et mutilé, avait été retrouvé en novembre 2000 dans un bois. Il était alors le rédacteur en chef d'un site internet d'information très critique envers le régime du président de l'époque, Léonid Koutchma. Dès l'annonce de «la mort mystérieuse de l'ancien ministre de l'Intérieur», le député Igor Alexeïev est intervenu, au nom du groupe parlementaire communiste, à la tribune de la chambre basse du Parlement pour réclamer l'interpellation de «Léonid Koutchma, principale figure de la politique criminelle de la dernière décennie». L'ancien président ukrainien a toujours nié être lié de près ou de loin à ce crime. Mais des enregistrements réalisés à son bureau par son garde du corps prouveraient son implication dans l'assassinat du journaliste. En 2000, l'affaire Gongadzé, érigée en symbole de la corruption du régime de Koutchma par l'opposition, avait plongé le pays dans une crise politique. Et contribué à la genèse de la «révolution orange» qui a abouti à l'élection de Viktor Ioutchenko à la tête de l'Ukraine à la fin de l'an dernier Mardi, les autorités ukrainiennes avaient assuré connaître l'identité du commanditaire de cet assassinat, sans révéler son nom. Le même jour, deux colonels des services de renseignements du ministère de l'Intérieur, qui avaient reçu l'ordre d'enlever et de tuer le journaliste, étaient arrêtés et le Parquet annonçait rechercher aussi le général Olexy Poukatch, ancien haut responsable du ministère de l'Intérieur.