Diffusion Ukraine : face-à-face télévisé entre les deux rivaux de la présidentielle Le scrutin de dimanche 26 décembre a été ordonné par la justice après l'annulation du vote du 21 novembre, en raison des fraudes massives constatées. L'annonce officielle de la victoire de M. Ianoukovitch, 54 ans, candidat pro-russe alors soutenu par l'actuel régime ukrainien, avait provoqué une vague de contestation populaire et plongé l'Ukraine dans une crise politique sans précédent depuis son indépendance, en 1991. Les deux candidats à la présidence ukrainienne participaient lundi soir 20 décembre à un grand débat télévisé, à moins d'une semaine du scrutin ordonné après l'annulation d'un vote frauduleux, qui a plongé l'Ukraine dans la crise politique et partagé le pays. Le débat, en direct depuis les studios de la télévision publique UT-1, qui s'est tenu lundi soir pendant près de deux heures, est la seule confrontation entre les deux hommes avant le vote de dimanche. Les deux candidats étaient debout face-à-face sur le plateau, un journaliste au centre, chacun portant les couleurs de sa campagne, pochette et cravate orange pour M. Iouchtchenko, cravate bleue pour M. Ianoukovitch. Viktor Iouchtchenko, parlant ukrainien, a de nouveau dénoncé les fraudes qui ont conduit à l'annulation du précédent scrutin du 21 novembre, remporté par son rival, tandis que Viktor Ianoukovitch, s'exprimant la majeure partie du temps en russe, tentait plutôt de s'expliquer, allant même jusqu'à "s'excuser" devant les électeurs et à reconnaître implicitement la victoire de son rival. A propos de la récente vague de contestation populaire qui a abouti à l'annulation du précédent scrutin, le chef de l'opposition, Viktor Iouchtchenko, a salué "la force motrice de ce processus (...), ces gens qui ne veulent pas vivre avec un pouvoir criminel, une économie de l'ombre, qui ont voulu la liberté de parole et un système judiciaire indépendant". "Lors de l'élection trois millions de voix ont été volées, on a essayé de nous voler notre avenir", a-t-il argué, se disant "sûr de gagner" face à son rival. Et de lancer : "Il est temps que le président de l'Ukraine indépendante ne soit plus élu par Moscou". "PARDON" AUX ÉLECTEURS Son rival, M. Ianoukovtich, lâché par le président sortant Léonid Koutchma et par une partie de son entourage politique, a, pour sa part, "demandé pardon" aux électeurs de l'opposition pour les avoir traités de "rats oranges" (couleur de l'opposition et symbole du récent soulèvement populaire) et de "connards". Après avoir assuré dernièrement que des dizaines de milliers de ses partisans étaient prêts à marcher sur Kiev en cas de victoire de Viktor Iouchtchenko, l'actuel premier ministre a aussi appelé les Ukrainiens à ne pas descendre dans la rue après l'élection de dimanche. "J'appelle à ne pas sortir dans les rues, ni d'un côté, ni de l'autre". Et de lancer : "Unissons nos efforts pour ne pas accepter que ce nouveau scrutin soit à nouveau manipulé". "Vous pensez, Viktor Andreevitch (Iouchtchenko), que vous l'emporterez et deviendrez président de l'Ukraine. Vous faites une grave erreur. Vous serez le président d'une partie de l'Ukraine", a aussi assené M. Ianoukovitch. Il en a profité pour vanter le bilan social de ses deux années à la tête du gouvernement, estimant qu'il avait amélioré le niveau de vie général de la population. Le premier débat, en novembre, avait été suivi par environ la moitié de la population ukrainienne en âge de voter.