Annonce UDF et PS réclament plus de transparence sur la santé du président Georges Pompidou et François Mitterrand hier, Jacques Chirac aujourd'hui. L'hospitalisation depuis vendredi soir, pour "un petit accident vasculaire" du chef de l'Etat a relancé un débat récurrent en France sur la transparence concernant la santé du président. Tour à tour, deux responsables de parti, François Hollande pour le PS et François Bayrou pour l'UDF, l'ont appelé de leurs voeux. Dès samedi M. Hollande avait demandé "aux autorités de donner les informations" sur l'état de santé de M. Chirac, aujourd'hui âgé de 72 ans, "dans la transparence". Il a été relayé dimanche par M. Bayrou qui a déploré que ces questions soient toujours considérées en France comme des "secrets d'Etat jalousement gardés". "Naturellement, ce que j'aimerais, c'est que la transparence soit plus naturelle", a-t-il ajouté, déplorant que ce ne soit "pas le cas". Il est vrai, comme l'a d'ailleurs rappelé le président de l'UDF, que la France a sur cette question un lourd passif, malgré toutes les proclamations de bonnes intentions des présidents successifs depuis 30 ans. MENSONGES PAR OMISSIONS Le 2 avril 1974 au soir, les Français apprennent brutalement la mort de leur président de la République, Georges Pompidou. Si celui-ci porte les stigmates visibles de la maladie depuis plusieurs mois, rien n'a été dit officiellement sur l'affection dont il souffre : la "maladie de Waldenstrom", forme de cancer du sang. Son successeur Valéry Giscard d'Estaing promet alors qu'il publiera deux bulletins de santé par an. Il ne le fera jamais. François Mitterrand reprend la promesse en 1981, mais atteint par le cancer dans les mois qui suivent son élection, ses "bulletins de santé" cacheront très longtemps la vérité, jusqu'à son opération de la prostate en septembre 1992. Jacques Chirac, à son arrivée à l'Elysée en 1995, s'était contenté de promettre de "donner toute information significative sur son état de santé", a rappelé son entourage dimanche. Si cette hospitalisation pose pour la première fois publiquement le problème de sa santé, hormis des rumeurs en 2003 sur des possibles difficultés auditives, la façon dont a été géré l'événement n'en suscite pas moins quelques interrogations, qu'il s'agisse du délai entre son admission à l'hôpital et son annonce ou de l'absence de toute communication officielle de l'Elysée. LE PREMIER MINISTRE PAS INFORMÉ DE L'HOSPITALISATION Il a fallu en effet attendre plus de dix heures avant que l'hospitalisation du chef de l'Etat soit rendue publique, peu avant 13H00 samedi, par un communiqué de l'hôpital militaire parisien du Val-de-Grâce. Le premier ministre Dominique de Villepin lui-même n'a été informé que samedi en fin de matinée, alors qu'il se trouvait à l'université d'été de l'UMP à La Baule (Loire-Atlantique) et venait de participer à un petit-déjeuner avec le président de l'UMP et ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. L'Elysée a justifié dimanche ce délai en expliquant que les médecins du Val-de-Grâce avaient tenu à s'assurer du caractère "non évolutif" de son accident de santé avant de le rendre public. Ils "ont communiqué quand ils ont considéré avoir le recul suffisant pour s'assurer du caractère non évolutif et sans complication de l'accident vasculaire" ayant entraîné "un léger trouble de la vision", a précisé l'entourage du président. Dimanche, c'est un nouveau communiqué très bref du Val-de-Grâce, diffusé par le Service de Santé des Armées, qui a qualifié de "très satisfaisants" l'"état général" et le "bilan" du président, précisant que "la surveillance médicale se poursuivra, comme prévu, pendant encore quelques jours".