Changement TV5 Monde change de président dans un contexte concurrentielTournée de transition à TV5 Monde. Mardi 11 avril, le conseil d'administration de la chaîne francophone, réuni pour la première fois à son nouveau siège rue de Wagram, à Paris, devait prendre acte de la décision de son président, Jean-Jacques Aillagon, de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat à la tête de TV5 Monde. Le conseil devrait approuver la nomination de son successeur, François Bonnemain, dont la candidature devait être officiellement proposée par le gouvernement.Au cours de ce conseil, M. Aillagon devait redire aux partenaires de TV5 Monde (Communauté française Wallonie-Bruxelles, Suisse, Canada, Québec) les raisons qui ont motivé sa décision, annoncée dans Le Monde du 4 mars. "Elles procèdent du constat que j'ai dû faire de l'impossibilité de concilier, d'un côté, la démarche de développement que j'avais mise en oeuvre, et qui s'appuyait d'ailleurs sur les orientations du plan stratégique approuvé par la conférence des ministres de tutelle de TV5 Monde, et du caractère décevant du positionnement du gouvernement français à l'égard des intérêts de la chaîne", explique l'ancien ministre de la culture qui, en un an de présidence, n'a jamais réussi à obtenir de son ministère de tutelle, les affaires étrangères, les arbitrages budgétaires demandés pour 2006.M. Aillagon reproche notamment au gouvernement français, qui contribue à hauteur de 76,5 % au budget 2006 de TV5 Monde, de n'avoir pas augmenté cette année ses crédits, contrairement aux autres partenaires de la chaîne francophone internationale. Il n'a pas non plus obtenu que TV5 Monde soit, en partie, financée par la redevance et qu'elle soit diffusée sur la télévision numérique terrestre (TNT). Enfin, M. Aillagon a été confronté au lancement de la Chaîne française internationale d'informations (CFII), voulue par Jacques Chirac et confiée à France Télévisions et TF1. Une chaîne qu'il a qualifiée d'"archaïque", ce qui n'a guère plu à l'Elysée. "En tant que chaîne généraliste, TV5 ne prétend pas remplir toutes les fonctions d'une chaîne d'information internationale, mais elle est incontestablement une chaîne internationale dont l'information fait autorité", avait plaidé, en vain, M. Aillagon.Pourtant, en un an de mandat, M. Aillagon estime avoir réalisé "un travail considérable" en repositionnant l'identité de la chaîne. "Nous avons refondu la totalité des grilles, repensé les contenus, lancé de nouvelles émissions et créé un nouvel habillage, souligne-t-il. Je souhaite à mon successeur qu'on lui accorde ce qui m'a été refusé, TV5 Monde le mérite."Après son départ, l'ex-ministre de la culture devrait rejoindre aussitôt la lagune de Venise pour y diriger le Palazzo Grassi, lieu d'exposition d'oeuvres d'art acquis par l'industriel français François Pinault. Mais, pour tourner définitivement la page de TV5 Monde, M. Aillagon devra attendre le 26 mai, date à laquelle le tribunal correctionnel de Paris devrait faire connaître sa décision sur l'action engagée contre lui par le SNJ et la CFDT pour "prise illégale d'intérêt". Les deux syndicats poursuivent M. Aillagon pour avoir pris la tête de TV5 alors qu'en tant que ministre de la culture, il avait exercé une tutelle sur la chaîne.Au cours de ce conseil, les partenaires de TV5 Monde devraient nommer François Bonnemain à la présidence de la chaîne. Candidat unique, il a effectué ces dernières semaines "une visite de courtoisie" aux actionnaires de la chaîne pour se présenter et s'assurer de leur soutien. Au ministère des affaires étrangères, on indique diplomatiquement que son mandat "sera celui de la continuité et du développement de TV5 Monde."
