Victoire Turin 2006 : Le biathlon français, qui compte seulement 150 pratiquants, obtient sa deuxième victoireLe biathlon français, ses 150 pratiquants et ses deux champions olympiques à Turin... Après Florence Baverel-Robert, jeudi 16 février, Vincent Defrasne s'est imposé dans la poursuite 12,5 km, samedi, à San Sicario.Les concurrents de la poursuite partent dans l'ordre du classement du sprint, disputé auparavant, et avec les mêmes écarts. Le premier à franchir la ligne d'arrivée est déclaré vainqueur. Ainsi, samedi, Vincent Defrasne est-il parti en sixième position. Trois tirs sans faute plus tard, il était en tête. Mais il a raté deux cibles dans le dernier tir debout et a été rattrapé par le Norvégien Ole-Einar Björndalen, quadruple champion olympique à Salt Lake City en 2002 : "Je me suis dit que j'allais faire deuxième mais aussi 'tu te bats pour être champion olympique'", a raconté Vincent Defrasne. Un sprint plus tard, c'était chose faite.Loin des pays comme l'Allemagne ou la Norvège, où ce sport a une assise confortable, le biathlon français, avec ses 150 pratiquants, est une petite entreprise. Pour le grand public, il est sorti de la confidentialité aux Jeux olympiques d'Albertville, en 1992, quand les dames du relais français - Corinne Niogret, Véronique Claudel et Anne Briand - étaient devenues championnes. Au long des saisons, le biathlon est monté en puissance, les Français brillant dans les épreuves de Coupe du monde, aux championnats du monde. Le public a découvert des champions comme Sandrine Bailly ou Raphaël Poirée et, à Turin, Florence Baverel-Robert et Vincent Defrasne.Comment expliquer un tel succès ? "Il y a certainement des gens d'exception, du savoir-faire et une passion", estime Christian Dumont, directeur sportif et entraîneur des garçons. Et une belle solidarité, symbolisée par les rires et les larmes d'émotion de l'équipe de France, jeudi et samedi, des filles, garçons, athlètes, entraîneurs et vétérans confondus. "Une médaille individuelle en biathlon, c'est une médaille de tout le groupe, a indiqué Vincent Defrasne dans la victoire. Tout le monde est investi à 200 % en France. On n'a pas les moyens mais la passion est là." Car le biathlon est une "petite famille", expliquent ses membres. Ils sont notamment aidés par l'armée de terre, les douanes françaises et les collectivités locales dans les régions montagneuses.Comment devient-on biathlète en France ? "La plupart des jeunes viennent du ski de fond, explique Bruno Clément, entraîneur de l'équipe de France juniors. Quand ils arrivent au biathlon, on leur met tout d'abord une carabine à air comprimé dans les mains et ils tirent sur des cibles à 10 mètres. C'est plus facile pour les clubs et moins dangereux. A partir de 16 ans, ils tirent à 50 mètres avec la carabine 22 long rifle."Derrière la face émergée des médailles, il existe tout un travail de fond mené dès les juniors. Ils sont déjà très présents sur la scène internationale : des championnats du monde de 2004, en haute Maurienne, la France a rapporté 9 médailles, puis 6 de la compétition qui se tenait en 2005 à Kontiolathi (Finlande). A la veille des Jeux olympiques, les jeunes sont partis à Presque Isle (Etats-Unis) et en ont rapporté 8. "Le réservoir n'est pas très grand mais les athlètes sont d'une grande qualité", note Bruno Clément. Les champions de tir sont aussi invités dans la famille pour apporter leur savoir-faire. Après Jean-Pierre Amat, Franck Badiou, vice-champion olympique à la carabine en 1992, transmet son expertise aux juniors. Depuis un an, la discipline dispose d'un pôle France à l'école nationale de ski de fond de Prémanon, dans le Jura.Il y a aussi l'émulation, le rêve. Les champions, les athlètes de haut niveau croisent souvent les jeunes lors des entraînements : "Le fait que des athlètes rapportent des médailles fait rêver les gamins", indique Bruno Clément. Il reste encore les relais - où la solidité des deux équipes, avec Vincent Defrasne, Raphaël Poirée, Florence-Baverel-Robert ou Sandrine Bailly devraient s'illustrer - et deux épreuves individuelles pour convaincre les amateurs.
